Enquête mensuelle de conjoncture

Enquête mensuelle de conjoncture – Décembre 2022

Mise en ligne le 8 Décembre 2022

La Banque de France publie des enquêtes de conjoncture : un diagnostic sur l’économie française, sous la forme d’indicateurs de climat des affaires et de prévisions à court terme. L’Enquête Mensuelle de Conjoncture, chaque début de mois, décrit la situation conjoncturelle du mois précédent et prévoit le PIB trimestriel, grâce aux réponses de 10 000 dirigeants d’entreprise. Sur les périodes à venir un diagnostic est établi tous les mois pour les secteurs de l’industrie, des services marchands, du bâtiment et tous les trimestres pour le secteur des travaux publics ainsi qu’un volet sur l’accès au crédit.

Malgré un environnement très incertain, marqué par une conjonction de chocs externes de grande ampleur, l’activité continue à résister globalement.

Selon les chefs d’entreprise participant à notre enquête (environ 8 500 entreprises ou établissements interrogés entre le 28 novembre et le 5 décembre) :

  • L’activité au mois de novembre a progressé dans chacun des trois grands secteurs, de façon d’ailleurs plus prononcée qu’anticipé le mois dernier ;
  • Pour décembre, les entreprises anticipent une nouvelle progression dans les services, une stabilité de l’activité dans l’industrie et un repli dans le bâtiment. Les perspectives à moyen terme sont jugées plus incertaines ;
  • Les difficultés d’approvisionnement se replient de nouveau dans l’industrie (41 % des entreprises industrielles les mentionnent en novembre, après 43 % en octobre) et dans le bâtiment (36 %, après 41 %) ;
  • La hausse des prix des produits finis se poursuit au même rythme soutenu. Les difficultés de recrutement s’atténuent légèrement (indiquées par 53 % des répondants, après 55 % en octobre).

Notre indicateur d’incertitude diminue légèrement dans les services, mais progresse dans le bâtiment et demeure à des niveaux toujours élevés dans l’industrie. La situation de trésorerie des entreprises se stabilise à un niveau jugé dégradé dans l’industrie, et légèrement au-dessous de sa moyenne dans les services.

Concernant les conséquences de la situation énergétique, 24 % des entreprises indiquent que leur activité du mois passé a été affectée, dont 6 % fortement. Pour les trois prochains mois, 35 % des entreprises s’attendent à un impact (faible ou fort) sur leur activité (42 % dans l’industrie). S’agissant de l’impact sur leurs marges dans les trois prochains mois, il concerne deux entreprises sur trois dans le bâtiment et l’industrie manufacturière, et près d’une entreprise sur deux dans les services marchands.

Sur la base des résultats de l’enquête, complétés par d’autres indicateurs, nous estimons que le PIB serait en légère hausse en novembre et quasi stable en décembre. La progression du PIB pour le quatrième trimestre 2022 s’établirait ainsi autour de + 0,1 % par rapport au trimestre précédent, en cohérence avec notre projection à trois ans pour l’économie française.

1. En novembre, l’activité progresse dans l’industrie, les services marchands et le bâtiment

Les soldes d’opinion relatifs à la production en novembre indiquent une progression marquée de l’activité dans l’industrie pharmaceutique, les équipements électriques, les produits informatiques, électroniques et optiques et, dans une moindre mesure, dans l’automobile. A contrario, l’activité s’inscrit en recul par rapport au mois précédent dans l’industrie chimique et les produits en caoutchouc, plastique.

Image enquête mensuelle de conjoncture décembre 22
Opinion sur l'évolution de l'activité dans l'industrie, dans les services marchands et dans le bâtiment

Les stocks augmentent et sont à un niveau jugé élevé. Cette hausse peut être imputable à une baisse de la demande (machines et équipements, produits en caoutchouc, plastique), ou à des difficultés d’approvisionnement – ayant pour effet une hausse des stocks de produits semi finis dans les entreprises acheteuses – ou de livraison des produits finis (automobile, aéronautique). À l’inverse, dans le secteur de l’agro-alimentaire et l’industrie pharmaceutique, les stocks sont encore jugés très en-deçà du niveau jugé normal.

Dans les services marchands, l’activité continue de progresser – là aussi plus rapidement que ce qui avait été anticipé par les chefs d’entreprise le mois dernier – à la fois dans les services à la personne (hébergement, restauration) et dans les services aux entreprises (conseil de gestion, services d’information, programmation, édition).

L’activité augmente nettement dans le secteur du bâtiment, notamment dans le second oeuvre.

L’opinion sur la situation de trésorerie est quasi stable dans l’industrie par rapport au mois dernier, à des niveaux néanmoins très bas relativement aux quinze dernières années, en particulier pour les grandes entreprises. À l’exception de celui des matériels de transport (dont industrie automobile), la plupart des secteurs industriels font état d’un écart important de la trésorerie actuelle par rapport à son niveau moyen de long terme, notamment dans l’industrie chimique, les équipements électriques et les produits informatiques, électroniques et optiques, où cet écart avoisine les 20 points.

Dans les services marchands, la lente érosion de la situation de trésorerie s’interrompt en novembre, l’écart avec la moyenne de long terme du solde d’opinion se limitant à – 3 points.

Image Enquête mensuelle de conjoncture du mois de décembre 2022
Situation de trésorerie dans l'industrie et dans les services marchands

2. En décembre, selon les anticipations des entreprises, l’activité poursuivrait sa progression dans les services, serait quasi stable dans l’industrie et en repli dans le bâtiment

Pour le mois de décembre, les chefs d’entreprises interrogés dans l’industrie anticipent dans l’ensemble une quasi-stabilité de leur activité mais avec une forte disparité entre secteurs. Certains enregistreraient un net repli : c’est le cas des équipements électriques, des produits en caoutchouc, plastique, du bois-papier-imprimerie et, dans une moindre mesure, de la chimie. À l’inverse, l’activité progresserait de nouveau dans la pharmacie, les produits informatiques, électroniques et optiques, l’automobile et l’aéronautique, ainsi que les autres transports.

Dans les services, les chefs d’entreprise s’attendent à une activité encore en progression dans la plupart des secteurs, notamment l’hébergement, la restauration, et le conseil de gestion. L’évolution des effectifs resterait dynamique. Enfin, dans le bâtiment, l’activité serait en repli, aussi bien dans le gros oeuvre que dans le second oeuvre.

Notre indicateur mensuel d’incertitude, construit à partir d’une analyse textuelle des commentaires des entreprises interrogées, traduit des niveaux d’incertitude élevés par rapport à la normale, mais selon des dynamiques différentes selon les secteurs. S’il s’érode légèrement dans les services et dans l’industrie, il progresse dans le bâtiment.

Image enquête mensuelle de conjoncture décembre 2022
Indicateur d'incertitude dans les commentaires de l'enquête mensuelle de conjoncture (EMC)

L’opinion sur la situation des carnets de commandes est stable en novembre dans l’industrie et dans le bâtiment. Dans les deux cas, les niveaux actuels demeurent légèrement supérieurs à leur moyenne de long terme. Cette situation reflète cependant là aussi une forte disparité entre secteurs, avec des carnets très bien garnis dans l’aéronautique, les machines et équipements, les produits informatiques, électroniques et optiques, tandis qu’ils sont jugés bas dans la chimie et les produits en caoutchouc, plastique.

Image Enquête mensuelle dec 22
Situation des carnets de commandes dans l'industrie et dans le bâtiment

3. Nouveau repli des difficultés d’approvisionnement et de recrutement ; la hausse des prix des produits finis se poursuit au même rythme soutenu

Les difficultés d’approvisionnement continuent de baisser en novembre dans l’industrie (41 %, après 43 %) et le bâtiment (36 %, après 41 %), et sont désormais significativement au-dessous de leurs niveaux du printemps 2021.

Image Enquête mensuelle de conjoncture dec 22
Part des entreprises indiquant des difficultés d'approvisionnement

Selon les industriels interrogés, les rythmes de hausse des prix des matières premières et des produits finis demeurent toutefois inchangés, à des niveaux encore relativement soutenus.

Image enquête mensuelle de conjoncture déc 22
Opinion sur l'évolution des prix par rapport au mois précédent - Industrie manufacturière

De façon plus détaillée, 21 % des chefs d’entreprise de l’industrie manufacturière déclarent avoir augmenté leur prix de vente en novembre. Cette proportion s’élève à 47 % dans le bâtiment et à 17 % dans les services marchands. Avant les hausses saisonnières prévues pour le début d’année prochaine, les perspectives pour décembre suggèrent une diminution de cette proportion dans l’industrie (19 %), dans le bâtiment (42 %), et une légère hausse dans les services marchands (20 %).

Image enquête mensuelle de conjoncture déc 22
Proposition de chefs d'entreprise ayant augmenté leurs prix de vente, par grand secteur ; Proportion de chefs d'entreprise de l'industrie ayant augmenté leurs prix de vente en novembre, par secteur

Les chefs d’entreprise ont également été interrogés sur leurs difficultés de recrutement. Elles restent élevées, à 53 % dans l’ensemble des secteurs, mais en recul pour le deuxième mois consécutif, plus particulièrement dans le bâtiment (55 %, après 60 %).

Image Enquête mensuelle de conjoncture déc 22
Part des entreprises indiquant des difficultés de recrutement
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L'impact de la situation énergétique sur l'activité et les marges

4. Les estimations issues principalement de l’enquête, complétées par d’autres indicateurs, suggèrent pour novembre un niveau de PIB en hausse par rapport à octobre ; le PIB serait ensuite quasi stable en décembre

Pour le mois de novembre, l’utilisation des informations de l’enquête à un niveau de désagrégation fin, ainsi que d’autres données dont nous disposons, nous amènent à estimer que le PIB serait en hausse par rapport à octobre. Cela s’explique par une hausse dans l’industrie manufacturière, la construction et les services marchands.

  • Conformément aux données de l’enquête, la valeur ajoutée progresserait dans l’industrie alimentaire et dans l’industrie manufacturière.
  • Cependant, comme au trimestre précédent, le secteur de l’énergie (qui n’est pas couvert par l’enquête) freinerait la progression de l’activité de l’ensemble de l’industrie.
  • Les opérations de maintenance dans les centrales nucléaires, du côté de l’offre, et la réduction de la consommation suivant les plans de sobriété, du côté de la demande, contribuent à la baisse de production.

L’activité dans les services couverts par l’enquête serait en progression après un mois d’octobre perturbé par des pénuries de carburant. Les données à haute fréquence, que nous suivons à titre de complément pour les secteurs de services non ou partiellement couverts par l’enquête, pointent vers un rebond de l’activité dans les transports et le commerce de détail.

Image enquête mensuelle déc 22
Variations mensuelles de la valeur ajoutée en France

Les anticipations des entreprises pour décembre dans l’enquête, indiquent une quasi-stabilité du PIB par rapport à novembre, avec de nouveau des contrastes suivant les secteurs. Le contexte demeure néanmoins toujours fortement incertain, notamment sur le coût et la disponibilité de l’énergie. L’évolution du PIB au quatrième trimestre 2022 s’établirait ainsi autour de + 0,1 % par rapport au trimestre précédent.

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Mise à jour le 28 Novembre 2023