Note : Coefficient de capital TIC en valeur= capital TIC en valeur divisé par le PIB en valeur, ensemble de l’économie, en %
La faible croissance du PIB des principaux pays développés depuis le début du XXIème siècle s’explique principalement par des gains de productivité d’une ampleur très réduite, qui atteignent même des minima historiques (voir Bergeaud, Cette et Lecat, 2017). Ces développements peuvent-ils être reliés à ceux de la diffusion des TIC ? (cf. Cette et Jullien de Pommerol, 2018).
Une stabilisation de la diffusion des TIC à partir du début des années 2000
La diffusion des TIC dans l’activité productive est ici caractérisée par le coefficient de capital TIC en valeur, autrement dit la valeur du capital TIC divisée par la valeur du PIB. Ce coefficient de capital TIC augmente aux États-Unis, dans la Zone euro, au Royaume-Uni et au Canada, du début des années 1970 jusqu’au début des années 2000, soit durant trois décennies (Graphique 1). Il s’est ensuite stabilisé, comme l’ont déjà souligné différents travaux (par exemple Cette, Clerc et Bresson, 2015). Les investissements en TIC servent désormais à remplacer de précédents investissements en TIC, à valeur constante mais à performances toujours en hausse car la baisse des prix des TIC, même ralentie, n’est cependant pas stoppée.
La stabilisation de la diffusion des TIC se fait à des niveaux très différents (voir par exemple Van Ark et al., 2008, Timmer et al., 2011, Cette et Lopez, 2012). Les écarts sont importants : en fin de période, le coefficient de capital TIC en valeur apparait, aux Etats-Unis, supérieur de plus de 30 % à celui observé dans les trois autres zones économiques considérées.
De nombreuses études font ressortir empiriquement des éléments d’explication de ces écarts comme le niveau d’éducation moyen de la population en âge de travailler et les rigidités sur les marchés des biens et du travail (voir par exemple Aghion et al., 2009, Guerrieri et al., 2011, Cette et Lopez, 2012). Une utilisation performante des TIC nécessite une qualification moyenne supérieure à celle d’autres technologies, mais aussi des réorganisations qui peuvent être contraintes par de trop fortes régulations sur le marché du travail. Par ailleurs, une moindre pression compétitive induite par certaines régulations sur le marché des biens peut réduire l’incitation à mobiliser les technologies les plus performantes.
Une contribution des TIC à la croissance en baisse
L’utilisation des TIC peut dynamiser la productivité du travail via différents canaux. On s’intéresse ici à l’un d’entre eux, sans doute le principal : la substitution du travail par du capital TIC. On évalue donc la contribution des TIC à la croissance de la productivité du travail liée à l’augmentation de l’intensité en capital TIC de la combinaison productive. La sous-période 1995-2004 est celle sur laquelle la contribution des TIC à la croissance de la productivité horaire du travail est la plus forte. Aux États-Unis, où elle est la plus élevée, elle passe à près de 0,5 point de pourcentage annuel sur la période 1995-2004, après 0,3 point de pourcentage sur la décennie précédente. Elle chute à 0,15 point de pourcentage sur la décennie 2004-2015. Une même vague, mais d’ampleur plus limitée, est observée sur les autres pays considérés (Graphique 2).