Discours

Prix en économie monétaire et finance (double édition 2022 et 2024)

Intervenant

François Villeroy de Galhau intervention

François Villeroy de Galhau, Gouverneur de la Banque de France

Mise en ligne le 18 Juin 2024

François Villeroy de Galhau intervention

Paris, 18 juin 2024

Mot d’accueil de François Villeroy de Galhau, Gouverneur de la Banque de France
 

Prix en économie monétaire et finance (double édition 2022 et 2024)

Prix en économie monétaire et finance (double édition 2022 et 2024)

Mesdames, Messieurs, chers lauréats/lauréates, chers amis,

Je suis particulièrement heureux de vous accueillir, aujourd’hui, dans cet auditorium, pour célébrer avec vous la remise des prix en économie monétaire et finance. Ce prix été conçu et organisé avec la Toulouse School of Economics, que je tiens à remercier chaleureusement, en particulier son président d’honneur Jean Tirole, qui est avec nous ce soir. Je me félicite de la relation durable et de grande qualité que nous avons nouée depuis le début de notre partenariat en 2007.

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Aujourd'hui, nous fêterons une double édition avec six Lauréats au lieu de trois, en réunissant les éditions de 2022 et 2024. C’est bien sûr lié aux complications liées à l'organisation d'événements de ce type pendant la crise sanitaire.

Nous révélerons au fur et à mesure de la soirée qui va recevoir quel prix. Permettez-moi toutefois de remercier chaleureusement le jury qui a une fois de plus fait un excellent travail en choisissant des chercheurs vraiment remarquables. Tous les lauréats ont contribué, par des idées novatrices, à pousser un peu plus loin notre compréhension commune de l'économie monétaire et de la finance. Bien qu'elles puissent perturber leur discipline, les nouvelles idées ouvrent des perspectives inédites sur des questions politiques pratiques. C'est ce qui distingue ce prix : il récompense l'excellence académique à l'intersection des questions-clés de politique économique. En fin de compte, ces nouvelles idées nous aident à accomplir nos trois missions principales : (1) Assurer la stabilité des prix, (2) veiller à la stabilité financière, (3) et être au service de l’économie et de la société, notamment en assurant le financement de l’économie.

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Le monde est actuellement en plein bouleversement : changement climatique, tensions géopolitiques allant jusqu'à la guerre, technologies de rupture telles que l'intelligence artificielle, sans oublier le vieillissement démographique. Nos sociétés deviennent plus complexes et plus hétérogènes. Et la France est, au milieu de ces interrogations légitimes, en plein débat démocratique.

Comme nous avons la chance ici d’être avec Jean Tirole, prix Nobel d’économie français, je voudrais lui emprunter quelques repères, issus de son livre « Economie du bien commun » de 2016. D’abord, ce beau titre qui doit inspirer notre recherche à tous, celle du bien commun de notre cher pays. Et pour cela, les économistes sont attachés à l’indépendance de leur réflexion ; pour nous Banque centrale, l’indépendance veut dire quelque chose de très fort : la Banque de France appartient à tous les Français, elle représente tous les Français, elle doit des comptes à tous les Français sur son mandat de stabilité, de la monnaie et de stabilité financière. 

Elle doit donc s’abstenir de tout commentaire politique, mais peut apporter au débat public ses éclairages économiques. Et là, je cite à nouveau Jean Tirole, dans ce qui guide sa conviction sur « l’implication du chercheur dans la cité » : « l’économie est (doit être) à la fois exigeante et accessible ». Nous devons à nos concitoyens tout le respect, la considération, la vérité qu’ils attendent. Les respecter, c’est d’abord savoir formuler notre expertise en termes accessibles, être avec humilité à l’écoute de leurs questions, de leurs attentes, de leurs critiques. Les respecter, c’est aussi reconnaître les exigences du réel, et ne pas creuser encore davantage des déficits lourds qu’on ne saurait pas bien financer. Les respecter, c’est comme je l’ai souhaité il y a quelques jours, clarifier vite la stratégie économique et en particulier la stratégie budgétaire proposées pour notre pays.

À ces conditions, la France a aujourd’hui plus d’atouts économiques qu’elle ne le croit : la septième économie du monde, plus de 30 millions de Français au travail, des entreprises fortes.
 
Je souhaite à toutes et à tous une soirée économique passionnante, avec des discussions fructueuses et enrichissantes.
 

 

Mise à jour le 24 Juin 2024