ABC de l’économie

Bulle spéculative

Mise en ligne le 7 Avril 2025
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On parle de bulle spéculative lorsque le prix d’un actif augmente de manière excessive, au-delà de sa valeur intrinsèque. Une bulle est alimentée par des comportements spéculatifs : lorsque des agents économiques anticipent, de manière exagérément optimiste, que les prix de certains actifs vont continuer d’augmenter, ils investissent dans ces actifs dans l’espoir de les revendre plus cher et de réaliser un profit. Découvrez dans cette fiche en 2 pages et 1 infographie le schéma en 4 étapes des bulles spéculatives ainsi que l’effet domino. On dit alors que l’éclatement de la bulle provoque une crise financière puis une crise de l’économie réelle. Découvrez enfin plusieurs jalons de l’histoire des bulles spéculatives, depuis la bulbe des tulipes, la chute du système de John Law, la crise de 1929, la bulle internet et la crise de 2008.

On parle de bulle spéculative lorsque le prix d’un actif, par exemple l’immobilier ou les actions, augmente de manière excessive, au-delà de sa valeur fondamentale (valeur qui est néanmoins difficilement mesurable avec certitude, car elle dépend en partie des flux de revenus futurs liés à cet actif). Une bulle est alimentée par des comportements spéculatifs : lorsque des agents économiques anticipent, de manière exagérément optimiste, que les prix de certains actifs vont continuer d’augmenter, ils investissent dans ces actifs dans l’espoir de les revendre plus cher et de réaliser un profit.

Pourquoi en parle-t-on ?

La formation de bulles spéculatives est un phénomène récurrent dans l’histoire économique. Ce phénomène, pourtant ancien, trouve ses premières manifestations documentées dès le XVIIème siècle, comme en témoigne la célèbre crise des tulipes aux Pays-Bas.

Tout aussi régulièrement, des alertes sont émises par des économistes et des institutions sur les risques liés à la formation de nouvelles bulles spéculatives. Qu’il s’agisse de la bulle internet au début des années 2000, de la crise des subprimes en 2008 ou plus récemment des cryptoactifs, ces épisodes révèlent des mécanismes récurrents de spéculation excessive et de volatilité des marchés. 

Comment cela fonctionne ?

Une bulle spéculative se développe puis éclate en suivant généralement un schéma-type en 4 étapes, identifiées par l’économiste américain Charles Kindleberger (1978) :

Étape 1 : Préparation de la bulle.

Un sentiment de confiance dans la santé de l’économie, l’optimisme des investisseurs quant aux perspectives de profit offertes par un produit ou un service perçu comme prometteur et innovant provoquent une hausse, d’abord modérée, du prix d’un type d’actif. 

Étape 2 : Naissance de la bulle.
La hausse initiale entraîne des anticipations de hausses futures des prix qui, elles-mêmes, attirent de nouveaux investisseurs. La confiance pousse les agents économiques à prendre de plus en plus de risques : les économistes parlent du « paradoxe de la tranquillité ». C’est souvent dans les périodes de bonne santé économique apparente que se développent les bulles spéculatives.

Étape 3 : Euphorie.

Durant cette phase, la bulle s’autoalimente, entretenue par des comportements moutonniers. Même les investisseurs traditionnellement prudents et une partie du grand public rejoignent le mouvement d’achat, espérant profiter d’une occasion de profit « facile ». En 1996, le Président de la banque centrale des États-Unis, Alan Greenspan, évoque le concept d’« exubérance irrationnelle ». Souvent, la bulle se développe aussi grâce à l’endettement, notamment dans des contextes de taux d’intérêt bas : les agents économiques sont confiants qu’ils pourront, grâce aux plus-values futures, rembourser facilement les emprunts contractés pour acheter les actifs formant le sous-jacent de la bulle. 

 

Image Schéma - Bulle spéculative
Source : Banque de France, d'après J.-P. Rodrigue

Étape 4 : Explosion de la bulle.

La bulle éclate lorsque les anticipations de certains investisseurs changent : ils comprennent qu’un actif est surévalué, supposent que les autres investisseurs vont eux aussi finir par s’en rendre compte et décident donc de se séparer de ces actifs avant les autres. Ce raisonnement peut être auto-réalisateur, le simple fait que quelques investisseurs se mettent à vendre conduisant les autres à vendre également.  Le changement d’anticipations est souvent lié à un événement déclencheur imprévu : révision des prévisions de croissance économique, hausse des taux directeurs par la banque centrale, etc. S’engage alors une course de vitesse (une panique) à la revente : l’offre d’actifs dépassant désormais la demande, les prix chutent. Au premier rang des investisseurs qui se mettent à vendre, figurent souvent ceux qui avaient emprunté pour financer leurs achats : ils espèrent pouvoir encore récupérer suffisamment d’argent pour rembourser leurs emprunts. Leur changement d’attitude constitue le « moment Minsky », du nom de l’économiste américain qui étudia ces phénomènes d’instabilité financière dans les années 1980. Bien entendu, leurs ventes massives ne font que précipiter la chute des prix. 

Ainsi, l’éclatement d’une bulle peut, dans certains cas, mettre en péril, par effet domino, bien d’autres agents économiques que ceux qui avaient investi dans les actifs concernés : les banques qui avaient prêté aux investisseurs pour financer leurs achats spéculatifs, les autres banques qui avaient prêté aux premières, les entreprises d’autres secteurs qui voient le secteur bancaire restreindre ses crédits à l’économie (assèchement du crédit), les employés des entreprises mises en difficultés, etc. On dit alors que l’éclatement de la bulle provoque une crise financière puis une crise de l’économie réelle. 

Les politiques de prévention et de résolution des bulles spéculatives 

Les autorités économiques et financières utilisent divers outils pour prévenir la formation des bulles spéculatives et en limiter les conséquences. Les banques centrales jouent un rôle clé en ajustant les taux d’intérêt et en contrôlant la liquidité, mais il n’est pas du ressort de la politique monétaire de lutter contre les bulles. Les régulations macroprudentielles, comme l’encadrement des conditions d’octroi du crédit immobilier, ou les exigences accrues de fonds propres pour les banques en période d’exubérance, renforcent la stabilité du système financier. Une surveillance accrue des marchés, la transparence et l’encadrement des produits financiers permettent de limiter les comportements spéculatifs. Enfin, l’éducation financière sensibilise les investisseurs aux risques, notamment pour les actifs volatils comme les cryptoactifs.

Image Un peu d'histoire - Bulle spéculative
Un peu d'histoire - Bulle spéculative

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