On parle de bulle spéculative lorsque le prix d’un actif, par exemple l’immobilier ou les actions, augmente de manière excessive, au-delà de sa valeur fondamentale (valeur qui est néanmoins difficilement mesurable avec certitude, car elle dépend en partie des flux de revenus futurs liés à cet actif). Une bulle est alimentée par des comportements spéculatifs : lorsque des agents économiques anticipent, de manière exagérément optimiste, que les prix de certains actifs vont continuer d’augmenter, ils investissent dans ces actifs dans l’espoir de les revendre plus cher et de réaliser un profit.
Pourquoi en parle-t-on ?
La formation de bulles spéculatives est un phénomène récurrent dans l’histoire économique. Ce phénomène, pourtant ancien, trouve ses premières manifestations documentées dès le XVIIème siècle, comme en témoigne la célèbre crise des tulipes aux Pays-Bas.
Tout aussi régulièrement, des alertes sont émises par des économistes et des institutions sur les risques liés à la formation de nouvelles bulles spéculatives. Qu’il s’agisse de la bulle internet au début des années 2000, de la crise des subprimes en 2008 ou plus récemment des cryptoactifs, ces épisodes révèlent des mécanismes récurrents de spéculation excessive et de volatilité des marchés.
Comment cela fonctionne ?
Une bulle spéculative se développe puis éclate en suivant généralement un schéma-type en 4 étapes, identifiées par l’économiste américain Charles Kindleberger (1978) :
Étape 1 : Préparation de la bulle.
Un sentiment de confiance dans la santé de l’économie, l’optimisme des investisseurs quant aux perspectives de profit offertes par un produit ou un service perçu comme prometteur et innovant provoquent une hausse, d’abord modérée, du prix d’un type d’actif.
Étape 2 : Naissance de la bulle.
La hausse initiale entraîne des anticipations de hausses futures des prix qui, elles-mêmes, attirent de nouveaux investisseurs. La confiance pousse les agents économiques à prendre de plus en plus de risques : les économistes parlent du « paradoxe de la tranquillité ». C’est souvent dans les périodes de bonne santé économique apparente que se développent les bulles spéculatives.
Étape 3 : Euphorie.
Durant cette phase, la bulle s’autoalimente, entretenue par des comportements moutonniers. Même les investisseurs traditionnellement prudents et une partie du grand public rejoignent le mouvement d’achat, espérant profiter d’une occasion de profit « facile ». En 1996, le Président de la banque centrale des États-Unis, Alan Greenspan, évoque le concept d’« exubérance irrationnelle ». Souvent, la bulle se développe aussi grâce à l’endettement, notamment dans des contextes de taux d’intérêt bas : les agents économiques sont confiants qu’ils pourront, grâce aux plus-values futures, rembourser facilement les emprunts contractés pour acheter les actifs formant le sous-jacent de la bulle.