Rapport

Rapport sur l'épargne réglementée 2023

Mise en ligne le 17 Juillet 2024

Par François Villeroy de Galhau

Cette nouvelle édition du rapport annuel est l’occasion de revenir sur l’année exceptionnelle qu’a été 2023 pour l’épargne réglementée. La collecte a atteint un niveau inégalé depuis plus de dix ans, à 61,4 milliards d’euros, bien au-dessus du dernier pic à 54,9 milliards en 2012. Sur les deux principaux livrets, elle se situe à des records historiques : 36 milliards sur le seul livret A, et 16,6 milliards pour le LEP, « champion olympique » en termes de progression, avec un quasi triplement de la collecte nette par rapport à 2022. L’encours de l’épargne réglementée est en hausse de 7 % en 2023, après une année 2022 déjà remarquable. Il atteint 935,5 milliards d’euros en décembre 2023, soit 15,1 % du patrimoine financier des ménages.

Ces niveaux inédits de collecte sont à mettre en relation avec la hausse du taux de rémunération du livret A et du LDDS, à 3 % au 1er février 2023, taux garanti jusqu’en janvier 2025, et avec les mesures prises en faveur de l’épargne populaire : un taux de rémunération du LEP protégeant intégralement de l’inflation, porté à 6 % au second semestre 2023 avant d’être fixé à 5 % au 1er février dernier, puis à 4 % au 1er août 2024. Il s’agit à chaque fois d’un taux supérieur à celui obtenu par l’application stricte de la formule de calcul, et nettement supérieur à l’inflation. En outre, le plafond de ce livret a été relevé à 10 000 euros au 1er octobre 2023. La hausse du nombre de LEP, amorcée depuis 2022, avec 2,6 millions de livrets ouverts en 2023, en lien avec sa rémunération particulièrement attractive et grâce aux efforts de promotion de ce livret, doit pour autant se poursuivre par un effort résolu des banques : au printemps 2024 on atteint 11,4 millions de LEP, en deçà des 19,5 millions de Français potentiellement intéressés.

Deux autres faits marquants relatifs à l’épargne des ménages ressortent de cette nouvelle édition. D’abord, le maintien d’un taux d’épargne à un niveau élevé : en 2023, le taux d’épargne se situe à 16,6 %, comme en 2022, soit plus d’un point de pourcentage supplémentaire par rapport au niveau d’avant-crise. Ensuite, la réorientation des flux d’épargne vers l’épargne réglementée et les dépôts à terme s’est intensifiée en 2023, avec des flux négatifs sur les dépôts à vue et les livrets ordinaires. Ces réallocations, largement dictées par la hiérarchie instantanée des taux, pourraient aussi permettre au PEL de retrouver son objectif initial : drainer l’épargne privée vers le financement de l’immobilier via une utilisation accrue du droit à prêt, du fait de la désormais bonne compétitivité des taux de prêt sur PEL en comparaison des taux du marché immobilier.

Ce rapport rend enfin compte des financements adossés à l’épargne réglementée. Ceux-ci sont en hausse en 2023, soulignant la compétitivité et l’utilité de ces ressources dans le financement de programmes d’intérêt général. En 2023, l’encours de prêts accordés par le Fonds d’épargne en faveur du logement social et de la politique de la ville s’élève à 180 milliards d’euros (soit + 3,4 % par rapport à 2022) ; l’encours destiné à financer la transition énergétique du parc immobilier des particuliers, construction et rénovation, atteint 234 milliards (+ 2,5 %) ; et, enfin, pour le financement des PME, l’encours s’établit à 570 milliards.

Les tendances observées depuis le début d’année montrent une certaine normalisation, à niveau élevé, des encours de l’épargne réglementée. Dans un contexte de ralentissement marqué de l’inflation, l’épargne réglementée reste ainsi une ressource stable au service du financement de programmes d’intérêt général et de l’économie, tout en jouant son rôle de soutien à l’épargne populaire.

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Mise à jour le 17 Juillet 2024