La stratégie d’investissement responsable de la Banque de France s’est construite et développée à partir de l’objectif essentiel de lutte contre le changement climatique. La COP26 de novembre 2021 a été l’occasion pour la Banque de France de réaffirmer ses engagements climatiques en matière de politique monétaire et de stabilité financière, et de les compléter d’un objectif de neutralité carbone dans la gestion interne de l’Institution.
En matière d’investissement responsable, la Banque de France a pour la première fois cette année aligné le portefeuille adossé à ses engagements de retraite sur une trajectoire 2 °C, avec un an d’avance sur le calendrier qu’elle s’était fixé.
Afin de poursuivre son engagement dans la lutte contre le réchauffement climatique, cette trajectoire sera progressivement abaissée à 1,5 °C pour les portefeuilles adossés à ses fonds propres et à ses engagements de retraite.
Par ailleurs, à compter de fin 2022, la Banque de France publiera un premier rapport climatique couvrant l’ensemble de ses activités, en ligne avec les recommandations de la Task force on climate-related financial disclosures (TCFD). Plus largement, les engagements pris par les banques centrales témoignent d’une prise de conscience croissante des enjeux climatiques : si elles ne peuvent être le moteur principal, les banques centrales sont aujourd’hui pleinement mobilisées.
Ainsi, la Banque centrale européenne (BCE) a intégré les enjeux climatiques à l’évaluation stratégique de sa politique monétaire, à l’issue de laquelle le Conseil des gouverneurs a approuvé en juillet 2021 un plan d’action ambitieux : modélisation des effets du changement climatique sur les prix et la croissance, transparence climatique accrue des contreparties pour le collatéral et les programmes d’achat de titres, ou encore soumission du bilan de l’Eurosystème à des tests de résistance climatique.
Les banques centrales de l’Eurosystème s’étaient par ailleurs déjà engagées en février 2021 à appliquer une démarche d’investissement responsable liée au changement climatique aux portefeuilles autres que ceux détenus à des fins de politique monétaire libellés en euro au plus tard en 2023, et de publier les résultats de cette démarche. Cet engagement a été élargi à l’été 2021 aux programmes d’achat d’obligations émises par les entreprises (corporate sector purchase program – CSPP).
Ce mouvement ne se limite pas aux banques centrales de l’Eurosystème. En témoigne le dynamisme du Réseau des banques centrales et des superviseurs pour le verdissement du système financier (Central Banks and Supervisors Network for Greening the Financial System – NGFS), qui continue de croître et compte désormais plus de cent membres. La Banque de France, qui a été à l’initiative du Réseau en 2017 et qui en assure le secrétariat permanent, y joue un rôle de premier plan.
De fait, nous sommes convaincus que contribuer à évaluer, réduire et gérer l’impact des risques climatiques sur l’économie réelle et le système financier fait partie intégrante du mandat des banques centrales, tant au titre de la stratégie monétaire que de la stabilité financière. L’intégration de la lutte contre le changement climatique dans la mise en oeuvre de nos missions et de notre gestion restera au coeur de nos priorités dans les années à venir, et nous continuerons à agir avec constance et détermination. Toutefois, la stratégie d’investisseur responsable de la Banque de France doit s’enrichir et intégrer d’autres thématiques essentielles pour embrasser une démarche aussi complète et cohérente que possible.