Chaque année, des négociations annuelles obligatoires (NAO) sur les salaires se déroulent à deux niveaux : dans les branches, où les partenaires sociaux négocient des grilles de minima salariaux en dessous desquels les salariés ne peuvent pas être rémunérés, et dans les entreprises disposant d’une représentation syndicale où se négocient des hausses de salaire effectif. Pour la plupart des branches et des entreprises, ces négociations se déroulent entre octobre et mars et aboutissent à des ajustements de salaire au 1er trimestre de l’année. Aussi, l’analyse des accords de salaire signés sur cette période permet de disposer d’un premier diagnostic fiable de l’évolution des salaires pour l’année. Ce billet de blog présente une première photographie des hausses négociées pour 2025, élaborée à partir des informations contenues dans près de 120 accords de branche conclus pour l’année (couvrant environ 9 millions de salariés, soit près de 50% des salariés couverts par une convention collective du privé) et environ 1 600 accords d’entreprise (couvrant plus de 700 000 salariés de l’ensemble des secteurs marchands).
Si le regain d’inflation apparu fin 2021 a été transmis assez rapidement au Smic en raison de sa formule d’indexation automatique, pour les autres salaires la transmission s’est faite avec un délai un peu plus important lié au temps de la négociation (Graphique 1). Dans les branches comme dans les entreprises, les salaires négociés ont accéléré dès 2022, et les hausses sont restées relativement soutenues en 2023. En 2024, alors que l’inflation refluait, les hausses négociées se sont modérées tout en restant supérieures à la hausse des prix. Le repli de l’inflation (IPC) à 1,3% en moyenne entre octobre 2024 et février 2025 entraîne toutefois un repli plus marqué des hausses de salaire négociées pour 2025 : elles s’établissent en moyenne à un niveau proche de 2%, soit sensiblement au-dessus de l’inflation attendue en 2025 selon les projections de la Banque de France (1,5% pour l’IPC). En prenant aussi en compte les primes et les effets de composition, cela nous conduit à prévoir une hausse de 2,4% du salaire moyen par tête en moyenne annuelle.
En 2025, les hausses de minima de branche poursuivent leur modération, tout en restant un peu supérieure à l’inflation.
Au niveau des branches, les premiers accords signés pour l’année 2025 prévoient des hausses nominales de salaires minima moins élevées qu’en 2024. Selon notre estimation provisoire, la hausse moyenne des salaires minima de branche serait de 1,8% au 1er trimestre 2025 contre 3,6% il y a un an (Graphique 1).
Cette modération peut d’abord s’expliquer par une inflation plus faible que les années passées, attendue à 1,5% en 2025. Ensuite, le Smic qui a pu avoir des effets d’entrainement sur les minima de branche ces dernières années, a été revalorisé de 2% fin 2024. Même si cette hausse est supérieure à l’inflation - en raison de la double indexation du Smic à l’inflation et à la moitié du pouvoir d’achat des salaires -, la progression nominale du Smic reste moins élevée que les années passées.
Graphique 2 Distribution des hausses de salaires annuelles négociées dans les branches entre 2018 et 2025