L’action de la banque centrale ukrainienne en temps de guerre a des précédents historiques
Les situations de guerre ont historiquement requis la mobilisation des banques centrales, que ce soit pour contribuer à la solvabilité des États (Poast, 2015 ; Pamfili et Chambley, 2017), ou plus tard pour assurer la liquidité du système bancaire (Margairaz, 2019).
Depuis la mise en place de régimes de ciblage d’inflation dans les années 1990 et l’internationalisation croissante des économies, l’action des banques centrales en guerre se pose sous un jour nouveau car elles doivent maintenir l’autonomie interne et externe de la politique monétaire (Mundell, 1960). C’est le cas de la BNU, qui a, grâce aux réformes engagées à partir de 2014, acquis une double autonomie et ainsi rapproché son cadre de politique monétaire de celui des banques centrales des pays avancés : adoption d’un régime de change flottant, ciblage d’inflation, amélioration du degré d’indépendance d’après l’indice de Romelli (2022), transparence accrue dans la conduite de la politique monétaire (cf. Graphique 1).
L’action de la BNU depuis l’invasion russe se pose donc en des termes différents par rapport aux exemples historiques de banques centrales en temps de guerre. Ce billet de blog revient ainsi sur la manière dont la BNU a su préserver sa double autonomie tout en soutenant l’effort de guerre.
Graphique 1. La BNU, une banque centrale moderne (indice de transparence)