Depuis plusieurs années, les prix de l’immobilier commercial progressent à un rythme soutenu. L’environnement de taux bas a en effet stimulé l’attractivité relative du couple rendement-risque de ces actifs par rapport aux placements obligataires, ce qui a entraîné une forte augmentation du volume des transactions. En France, la situation est particulièrement marquée puisque les prix y connaissent une croissance continue depuis 2009 et ont désormais dépassé leur niveau antérieur à la crise, notamment sur le secteur des bureaux (cf. graphique 1). Cette situation conduit à s’interroger sur l’existence d’une surévaluation des prix de l’immobilier commercial, et à son impact sur la stabilité financière.
1. La formation des prix de l’immobilier commercial
Qu’est-ce que l’immobilier commercial ?
L’immobilier commercial désigne ici l’ensemble des biens immobiliers détenus par des acteurs professionnels qui n’en sont pas les occupants et qui en retirent un revenu à titre habituel. Il s’agit donc du parc immobilier détenu par des investisseurs institutionnels (assurances, fonds d’investissement), en cours de développement ou déjà construit, et généralement destiné à être loué par la suite à des entreprises ou des ménages. Cette définition de l’immobilier commercial par type de détenteur recouvre ainsi une large variété d’actifs regroupant de l’immobilier d’entreprise (centres commerciaux, petits commerces, bureaux, entrepôts, etc.) ou encore des immeubles résidentiels.
En France, ce marché représente environ 330 milliards d’euros d’actifs pour un volume de transactions annuel de 27 milliards en 2017 – à mettre en perspective avec environ 200 milliards d’achats de logements neufs et anciens par les ménages sur la même période. Il s’agit donc d’un sous-ensemble assez limité du marché immobilier, mais particulièrement internationalisé (29 % des achats réalisés par des non-résidents).
Des segments de marché soumis à différents mécanismes sous-jacents
L’immobilier commercial regroupe un ensemble de biens qui ne sont pas complètement substituables en fonction de leur destination ou usage. Par exemple, un mètre carré de surface logistique en périphérie ne remplit pas la même fonction qu’un commerce de proximité en centre-ville qui n’est lui-même pas équivalent à un plateau de bureaux. Par conséquent, les déterminants des loyers sont susceptibles de différer sur chacun de ces segments.
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