Le développement de l'intégration financière a été l'une des caractéristiques majeures de la mondialisation, conduisant à une augmentation sur le long terme du volume des flux bruts de capitaux mondiaux dans toutes leurs dimensions (investissements directs étrangers, flux de portefeuille, autres investissements). Cette évolution s'est accompagnée d'une volatilité accrue, entraînant des perturbations majeures dans les pays émergents mais aussi dans les pays avancés. Cela a soulevé de nombreuses questions de politiques économiques autour de la gestion des flux de capitaux, qui ont pris un nouveau tournant à la suite de la crise financière mondiale et de ses conséquences pour la zone euro, ainsi que du retrait massif des flux de capitaux des pays émergents après la crise du COVID-19.
Au cours des dernières décennies, les initiatives politiques en matière de gestion des flux de capitaux ont été orientées à la fois vers la promotion de l'intégration financière et vers la maîtrise des flux financiers. En ce qui concerne l'intégration financière, l'un des projets les plus marquants a été l'Union européenne (UE) et la création de la zone euro, qui ont conduit à une large libéralisation des flux financiers. D'autre part, les contrôles de capitaux ont eu tendance à augmenter depuis la crise financière mondiale dans toutes les catégories de revenus des pays et des mesures macroprudentielles, qui peuvent avoir un impact direct ou indirect sur les flux de capitaux, ont été mises en place et appliquées dans les économies émergentes et avancées.
En utilisant trois ensembles différents de régressions basées sur des équations de gravité avec des actifs/flux financiers, en fonction des ensembles d'effets fixes utilisés, on constate que les déterminants standards des équations de gravité sont significatifs et avec les signes attendus. Les politiques de contrôle des capitaux ont des effets limités et disparates, étant particulièrement efficaces par le biais de restrictions sur les flux entrants pour les pays de destination pour les IDE, les dettes de portefeuille et autres investissements (voir graphique). Les impacts des mesures macro-prudentielles sont complexes, les mesures macro-prudentielles dans le secteur financier du pays d'origine ayant un impact positif sur les flux de capitaux sortants et les mesures macro-prudentielles dans les pays de destination ayant un impact négatif sur les flux de capitaux entrants. L'intégration européenne, que ce soit dans l'Union européenne ou dans la zone euro, a joué un rôle positif sur les actifs financiers. Dans l'ensemble le plus complet d'effets fixes, nous soulignons les avantages de la coopération entre les pays d'origine et de destination, tant pour le contrôle des capitaux que pour les mesures macro-prudentielles. En particulier, le contrôle des sorties de capitaux dans le pays d'origine combinée à la restriction des entrées de capitaux dans le pays de destination a un impact négatif sur les IDE et sur les autres investissements.
Dans une période où le FMI réfléchit à sa vue institutionnelle concernant l'utilisation des outils disponibles pour différents types de pays (Basu et al, 2020 ; Adrian et al. 2020), ce document offre à la fois une évaluation de l'efficacité de chaque outil de politique économique et aussi des avantages de la coopération internationale entre les pays d'origine et de destination (Ghosh et al. 2014). En particulier, l'efficacité préventive des contrôles de capitaux sur les flux entrants semble confortée.