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Faire face à la crise énergétique : quelles réponses d’urgence apportées dans l’Union européenne ?

Mise en ligne le 27 Août 2024
Auteurs : Juan Carluccio, Arthur Stalla-Bourdillon, Jean-Baptiste Gossé, Florian Le Gallo, Aymeric Schneider, Niamh Dunne, Guillaume Gaulier

Bulletin no 253, article 6. Ce bulletin vise à évaluer l’effet des mesures d’urgence prises par les États membres et l’Union européenne (UE) en 2022 pour faire face à la crise énergétique et leur impact sur l’inflation. Il analyse les conséquences économiques de ces mesures au regard des trois objectifs i) de réduction de la facture énergétique pour les ménages et les entreprises, ii) de soutenabilité pour les finances publiques, ainsi que iii) de réduction de la demande énergétique tout en assurant la sécurité d’approvisionnement. L’UE a tenté d’apporter des réponses visant ces trois objectifs. En parallèle, les autorités nationales ont adopté deux catégories de mesures : agir directement sur le coût pour les consommateurs (en France et en Espagne notamment) ou accorder des subventions aux ménages ou aux entreprises (en Allemagne et aux Pays-Bas).

Image Mesures de soutien aux ménages et aux entreprises entre 2021 et 2023 (cumul) Thématique Crise Union européenne Catégorie Bulletin de la Banque de France
Mesures de soutien aux ménages et aux entreprises entre 2021 et 2023 (cumul)

Trois objectifs difficiles à concilier

La crise du gaz de 2022 a largement résulté de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Elle a entraîné des ruptures d’approvisionnement en provenance de Russie et une forte augmentation temporaire des prix de gros du gaz naturel sur les marchés de l’Union européenne (UE), ce qui a conduit à une forte hausse du prix de gros de l’électricité puis de ceux de détail (Baget et al., 2024 sur le fonctionnement du marché européen de l’électricité). En septembre 2022 (pic des prix de gros), les composantes « gaz » et « électricité » ont contribué à hauteur de + 2,6 points de pourcentage à la variation annuelle des prix à la consommation en zone euro, qui était de + 9,9 % en glissement annuel. Les effets de la crise se sont toutefois fortement atténués par la suite. En décembre 2023, la contribution des prix de l’énergie aux prix à la consommation est devenue négative, ce qui signifie que l’énergie a ralenti l’inflation au cours de l’hiver 2023 2024.

Face aux difficultés créées par le renchérissement des prix du gaz et de l’électricité en 2022, les États membres de l’UE ont mis en place différentes mesures afin de contenir l’inflation. Le Fonds monétaire international (FMI) mesure ainsi que l’inflation dans la zone euro aurait été entre 1 et 2 points de pourcentage plus élevée en 2022 dans une situation de laissez faire (Dao et al., 2023).

Des objectifs multiples, difficilement conciliables

Pour faire face à la crise énergétique, deux types de mécanismes ont été mis en place par les États membres de l’UE : d’une part, une intervention étatique directe sur les prix payés par les consommateurs pouvant prendre la forme d’un plafonnement de prix ou de subventions aux producteurs, pour certains mécanismes par une réduction directe de l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) ; d’autre part le versement d’aides monétaires.

Ces mesures de soutien à l’économie ont visé, à des degrés divers, certains des trois objectifs suivants :

1) L’atténuation de l’effet de la hausse des prix pour les consommateurs, passant parfois directement par une réduction de l’IPCH ;

2) La minimisation du coût des mesures de soutien pour les finances publiques ;

3) La réduction de la demande de gaz et d’électricité, tout en maintenant la sécurité d’approvisionnement.

Le plafonnement des prix limite le « signal prix »

Le plafonnement des prix consiste à…
 

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Mise à jour le 27 Août 2024