Enquête mensuelle de conjoncture – Début septembre 2024

1. En août, l’activité progresse dans l’industrie, plus fortement dans les services marchands, et est en léger repli dans le bâtiment

En août, l’activité progresse dans l’industrie, à un rythme proche de ce qui avait été anticipé par les chefs d’entreprise le mois dernier. Alors que les biens d’équipement (faibles commandes en provenance du secteur automobile) et les matériels de transport (problèmes de chaînes d’approvisionnement) sont en repli, l’agroalimentaire et les autres branches industrielles sont en hausse. De manière plus détaillée, la progression est soutenue pour le bois‑papier‑imprimerie, la chimie, la pharmacie et les autres produits industriels. À l’opposé, les équipements électriques, l’automobile, l’aéronautique et l’habillement‑textile‑chaussure sont en repli. Dans l’automobile, les chefs d’entreprise indiquent une baisse de la demande de véhicules électriques, et un retour des clients aux gammes thermique et hybride.

Le taux d’utilisation des capacités de production (TUC) pour l’ensemble de l’industrie est quasi stable, à 74,9 % (après 75,1 %), et reste sous sa moyenne sur 15 ans (77 %). L’indicateur croît notamment dans la pharmacie (+ 1 point) et les autres produits industriels (+ 2 points), mais cette hausse est contrebalancée par une diminution dans l’aéronautique (– 6 points). Dans ce secteur, les chefs d’entreprise précisent que la baisse en août est ponctuelle, après un mois de juillet très dynamique et une anticipation de septembre positive.

Les stocks de produits finis évoluent peu par rapport à juillet. Ils augmentent dans la pharmacie et la chimie, mais se réduisent dans l’habillement‑textile‑chaussure et le bois‑papier‑imprimerie. Ils restent à des niveaux jugés élevés, et supérieurs à leur moyenne de long terme dans la plupart des secteurs, dont l’aéronautique, la pharmacie et l’automobile.

Dans les services marchands, l’activité progresse sensiblement en août, à un rythme plus élevé que ce qui avait
été anticipé par les chefs d’entreprise le mois dernier, en partie en raison des JOP. Cette progression concerne l’ensemble des services aux entreprises, à l’exception de la publicité et de la location. L’activité progresse également dans les services aux particuliers, et notamment dans l’hébergement‑restauration, à la faveur d’une météo plus favorable et du pont du 15 août. Enfin, le solde d’opinion relatif à l’activité du secteur du travail temporaire redevient légèrement positif, mais il reste tiré à la baisse par la faible demande adressée par le secteur automobile et le secteur du bâtiment et des travaux publics.

Dans le bâtiment, l’activité évolue peu dans le gros œuvre, et est en repli dans le second œuvre. Les chefs d’entreprise mentionnent plus de congés en août que les années précédentes, en lien avec les anticipations d’effets négatifs dus aux JOP (difficultés de circulation en Île‑de‑France, décalage de chantiers).

Le solde d’opinion sur la situation de trésorerie se redresse légèrement dans l’industrie. Il s’améliore dans l’habillement‑textile‑chaussure, l’agroalimentaire et la pharmacie, mais se dégrade dans l’aéronautique et le bois‑papier‑imprimerie. 

Dans les services marchands, le solde d’opinion sur la situation de trésorerie se redresse plus sensiblement. Elle est jugée satisfaisante dans les activités de loisirs et services à la personne, l’édition, les services d’information et les activités d’ingénierie, tandis qu’elle reste considérée basse dans la restauration, le transport et la réparation automobile.

2. En septembre, les anticipations des entreprises s’orientent vers une légère progression de l’activité dans l’industrie et les services marchands, et une stabilité dans le bâtiment

Pour le mois de septembre, selon les chefs d’entreprise de l’industrie, l’activité progresserait légèrement, surtout
dans les matériels de transport (aéronautique) et, dans une moindre mesure, dans l’agroalimentaire, les autres branches industrielles (chimie) et les biens d’équipement (produits informatiques, électroniques et optiques).

Dans les services, l’activité progresserait là aussi légèrement, mais afficherait des tendances hétérogènes entre secteurs. Dans les services aux entreprises, l’édition, les services d’information, les activités d’ingénierie et la location progresseraient ; l’hébergement‑restauration serait aussi en hausse. À l’opposé, le conseil de gestion serait en léger repli. 

Enfin, dans le bâtiment, l’activité évoluerait peu, tant dans le gros œuvre que le second œuvre.

L’opinion sur la situation des carnets de commandes dans l’industrie évolue peu dans son ensemble : elle s’améliore dans la métallurgie et l’automobile, mais est en repli dans les produits informatiques, électroniques et optiques, les équipements électriques, la chimie et la pharmacie.

Dans le bâtiment, le jugement sur les carnets de commandes évolue peu en août : il reste très dégradé dans le gros œuvre, et est principalement soutenu par la rénovation énergétique dans le second œuvre.

Notre indicateur mensuel d’incertitude, construit à partir d’une analyse textuelle des commentaires des entreprises interrogées, évolue peu par rapport à juillet pour l’industrie et les services marchands. Il remonte dans le bâtiment, notamment dans le gros œuvre, où les chefs d’entreprise mentionnent principalement le contexte politique comme facteur d’incertitude (décisions d’investissement reportées, inquiétudes sur les marchés publics).

3. Les évolutions de prix de service
sont encore en voie de normalisation

En août, les difficultés d’approvisionnement sont en baisse (9 % des entreprises les mentionnent ; – 3 points par rapport à juillet). Elles restent néanmoins encore élevées dans l’automobile et l’aéronautique. Les difficultés d’approvisionnement dans le bâtiment restent rares (3 %, comme en juillet).

Dans l’industrie, les prix des matières premières sont à nouveau jugés en légère hausse par les chefs d’entreprise ; le solde d’opinion sur les prix de produits finis 1 en août reste positif. De façon plus détaillée concernant la fixation des prix, la proportion des industriels déclarant avoir augmenté leurs prix de vente ce mois‑ci s’établit à 4 %, niveau proche de ceux observés lors des mois d’août de la période pré‑Covid et très en deçà de ceux du même mois de 2021‑2022. Les hausses de prix concernent principalement le bois‑papier‑imprimerie (8 %). À l’inverse, 3 % des industriels déclarent avoir baissé leurs prix de vente en août. Les baisses de prix de produits finis concernent essentiellement les machines et équipements, la métallurgie (6 %) et l’agroalimentaire (7 %).

Dans le bâtiment, la proportion des chefs d’entreprise indiquant une hausse du prix des devis s’établit à 2 %, alors que 5 % d’entre eux l’ont baissé, soit une proportion supérieure à celle des mois d’août passés.

Dans les services, la dynamique des prix ne s’est pas encore complètement normalisée. La proportion d’entreprises indiquant une hausse de leurs prix s’établit à 6 % – niveau légèrement supérieur aux mois d’août pré‑Covid –, tandis que la proportion d’entreprises indiquant une baisse de leurs prix s’établit à 5 %. La hausse des prix dans les services concerne principalement l’hébergement (et dans une moindre mesure la restauration), le nettoyage, les activités de loisirs et services à la personne, et les activités d’ingénierie.

Les anticipations des chefs d’entreprise pour septembre indiquent que 9 % d’entre eux prévoient d’augmenter leurs prix dans l’industrie, 7 % dans les services marchands et 3 % dans le bâtiment. Dans l’industrie, cette proportion, relativement plus élevée que ce qui a été observé les mois précédents, traduit en partie un effet saisonnier sur septembre.

Les chefs d’entreprise ont également été interrogés sur leurs difficultés de recrutement, qui remontent légèrement en août : 36 % des entreprises interrogées en font état, après 33 % le mois dernier. Cette évolution est toutefois à considérer avec précaution étant donné la spécificité du mois d’août liée aux fermetures et congés. La hausse est portée ce mois‑ci par les services marchands, principalement la restauration, la programmation, le conseil de gestion et le nettoyage.

4. Nos estimations suggèrent une hausse significative du PIB au troisième trimestre, compte tenu de l’effet transitoire des Jeux olympiques

Selon les résultats détaillés des comptes trimestriels, publiés par l’Insee fin août, la croissance du PIB a été de + 0,2 % au deuxième trimestre 2024. Le repli de la valeur ajoutée dans les secteurs de l’agriculture, de l’industrie manufacturière et de la construction a été plus que compensé par une hausse dans l’énergie et les services (marchands, mais aussi non marchands).

Sur la base des informations de l’enquête mensuelle de conjoncture de la Banque de France, complétée par d’autres données disponibles (indices de production dans les services et dans l’industrie, enquêtes de l’Insee, ainsi que données à haute fréquence) et augmentée des effets des JOP non pris en compte par ces indicateurs, nous prévoyons une hausse significative du volume du PIB au troisième trimestre. Cette prévision, inchangée par rapport au mois précédent, recouvrirait une croissance sous‑jacente d’environ 0,1 % à 0,2 %, à laquelle s’ajouterait l’impact transitoire des JOP, de l’ordre d’un quart de point. Il convient néanmoins de souligner que cette prévision est soumise à des aléas à la hausse comme à la baisse, du fait de la double incertitude sur l’impact des JOP, d’une part, et sur l’impact de l’environnement politique sur le comportement des entreprises, d’autre part.

La temporalité de l’enquête mensuelle de conjoncture permet de capter l’incertitude liée à la situation politique en France, ainsi qu’une partie de l’effet des JOP, notamment le surcroît d’activité des entreprises franciliennes de l’hébergement‑restauration ou des entreprises participant à l’organisation des Jeux (fournisseurs, événementiel, sécurité, etc.). Toutefois, comme nous le remarquions lors de notre dernière publication, la majeure partie de l’impact des JOP n’est pas couverte par l’enquête (billetterie, recettes de diffusion audiovisuelle, transport de voyageurs, primes versées aux agents publics). Nous estimons que l’effet total des JOP contribuerait transitoirement de l’ordre d’un quart de point à la progression du PIB prévue au troisième trimestre. Il est à noter que cette estimation ne porte que sur ce trimestre et ne prend pas en compte les effets antérieurs sur le PIB liés à la préparation des JOP (notamment en matière de construction) ni les possibles retombées ultérieures.

Le secteur des services marchands serait le principal contributeur à la hausse du PIB ce trimestre, porté par l’effet des JOP. Le secteur de l’énergie serait à nouveau dynamique, alors que la valeur ajoutée dans l’industrie manufacturière serait en baisse, en lien avec celle de l’indice de la production industrielle (IPI), de – 0,9 % en juillet. Enfin, la construction connaîtrait un nouveau repli ce trimestre, toujours grevée par la faiblesse de la construction neuve.