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La Banque de France publie des enquêtes de conjoncture : un diagnostic sur l’économie française, sous la forme d’indicateurs de climat des affaires et de prévisions à court terme. L’Enquête Mensuelle de Conjoncture, chaque début de mois, décrit la situation conjoncturelle du mois précédent et prévoit le PIB trimestriel, grâce aux réponses de 10 000 dirigeants d’entreprise.
Selon les chefs d’entreprise participant à notre enquête (environ 8 500 entreprises ou établissements interrogés entre le 26 mai et le 5 juin), l’activité a légèrement progressé en mai dans l’industrie et les services, et s’est repliée dans le bâtiment. Pour juin, les entreprises anticipent une légère progression dans l’industrie, et un peu plus marquée dans les services et le bâtiment.
Les difficultés d’approvisionnement continuent à se dissiper dans le bâtiment (15 % des entreprises les mentionnent en mai, après 17 % en avril) et dans l’industrie, où 23 % des chefs d’entreprise les signalent (après 28 % en avril). Pour le deuxième mois consécutif, les industriels jugent que les prix sont en nette baisse pour les matières premières et qu’ils se stabilisent pour les produits finis. Pour la première fois, les prix des services cessent eux aussi d’augmenter, alors que ceux du bâtiment continuent de ralentir. Les difficultés de recrutement reculent de nouveau, mais concernent encore près de la moitié des entreprises (49 %).
Notre indicateur d’incertitude se détend légèrement dans l’industrie et le bâtiment, et de façon un peu plus marquée dans les services. Il reste cependant à des niveaux encore élevés par rapport à ceux qui prévalaient avant 2020. Dans l’industrie, les carnets de commande se réduisent de nouveau. La situation de trésorerie se stabilise dans l’industrie et diminue dans les services.
Sur la base des résultats de l’enquête, complétés par d’autres indicateurs, nous estimons que la progression du PIB au deuxième trimestre 2023 serait de + 0,1 % par rapport au trimestre précédent.
1. En mai, l’activité progresse légèrement dans l’industrie et les services, et se replie dans le bâtiment
En mai, l’activité progresse légèrement dans l’industrie, alors qu’un repli était anticipé par les entreprises au début du mois dernier. Les soldes d’opinion indiquent une hausse de la production dans l’industrie agro‑alimentaire, l’automobile, et les produits informatiques, électroniques et optiques. Ces derniers secteurs bénéficient notamment d’un rattrapage d’activité lié aux moindres pénuries en composants électroniques. L’activité est en revanche en repli dans la métallurgie et la pharmacie ; le bois‑papier‑imprimerie et l’habillement‑textile‑chaussures sont également en baisse, les chefs d’entreprise indiquant un attentisme des clients (conjoncture économique, baisse du pouvoir d’achat).
La succession des chocs depuis début 2022 a particulièrement affecté certains secteurs, dont l’activité a sensiblement baissé depuis 18 mois. Ainsi, alors que le TUC (taux d’utilisation de la capacité) s’est globalement maintenu dans l’industrie manufacturière (77 % en mai 2023, après 79 % en janvier 2022, soit une baisse de 2 points), quelques secteurs affichent des baisses plus marquées : bois‑papier‑imprimerie (– 8 points), fabrication de produits en caoutchouc‑plastique (– 7 points), habillement‑textile‑chaussures et industrie chimique (– 6 points).

Les stocks de produits finis progressent de nouveau légèrement en mai ; ce mouvement concerne la plupart des secteurs, en raison d’une moindre demande des clients. Les stocks baissent en revanche dans l’industrie automobile du fait de la progression des livraisons, en lien notamment avec la moindre pénurie de chauffeurs.

Dans les services marchands, l’activité progresse légèrement. Elle s’améliore dans l’hébergement, l’édition, le conseil de gestion, le transport et les activités de service à la personne. À l’inverse, l’activité se contracte dans la publicité et les études de marché, ainsi que dans la réparation automobile.
L’activité se replie légèrement dans le bâtiment : elle fléchit significativement dans le gros œuvre, et évolue peu dans le second œuvre. Cette baisse d’activité dans le bâtiment – en particulier dans le neuf – commence à affecter les secteurs industriels liés à la construction (e.g. produits en caoutchouc, plastique et équipements électriques).
L’opinion sur la situation de trésorerie se stabilise dans l’industrie, en raison de la poursuite de la détente sur les prix de l’énergie et des matières premières ; elle demeure cependant à un niveau inférieur à sa moyenne de long terme. La trésorerie se tasse nettement dans les services en mai ; elle est très en‑deçà de sa moyenne de long terme dans la plupart des services aux entreprises (activités juridiques et comptables, services d’information).

2. En juin, selon les anticipations des entreprises, l’activité progresserait légèrement dans l’industrie, et plus nettement dans les services et le bâtiment
Pour le mois de juin dans l’industrie, les chefs d’entreprise anticipent globalement une légère amélioration de l’activité. Celle‑ci serait favorablement orientée dans l’automobile, l’aéronautique et les produits informatiques, électroniques et optiques, mais serait de nouveau en repli dans la chimie et les produits en caoutchouc, plastique.
Dans les services, l’activité progresserait plus nettement. Les chefs d’entreprise tablent sur une hausse dans l’hébergement et, dans une moindre mesure, dans les services aux entreprises.
Enfin, dans le bâtiment, les chefs d’entreprise anticipent une progression de l’activité, notamment dans le second œuvre.
Notre indicateur mensuel d’incertitude, construit à partir d’une analyse textuelle des commentaires des entreprises interrogées, signale une détente dans les trois grands secteurs, un peu plus marquée dans les services. Il reste toutefois supérieur à son niveau moyen pré‑Covid.

L’opinion sur la situation des carnets de commande dans l’industrie diminue de nouveau, les chefs d’entreprise interrogés signalant notamment dans certains secteurs une hausse de la concurrence asiatique (e.g. chimie, machines et équipements) ; elle se situe en dessous de sa moyenne sur 15 ans, avec cependant une forte polarisation entre les secteurs dont les carnets de commandes sont jugés bien garnis (automobile, aéronautique, produits informatiques) et ceux dont les carnets de commandes sont jugés bas (agro‑alimentaire, chimie, bois‑papier‑imprimerie,caoutchouc‑plastique). Dans le bâtiment, les carnets de commande évoluent peu, autour de leur moyenne de long terme. Depuis mi‑2022, la dégradation des carnets dans le bâtiment est exclusivement imputable au gros œuvre, qui pâtit du net recul des ventes de maisons neuves individuelles ; les carnets du second œuvre sont en revanche stables depuis neuf mois, en lien avec l’activité de rénovation énergétique.

3. Les difficultés d’approvisionnement continuent de se dissiper ; le rythme de hausse des prix ralentit fortement dans tous les secteurs
En mai, les difficultés d’approvisionnement continuent de diminuer dans l’industrie (23 %, après 28 % en avril) et dans le bâtiment (15 %, après 17 %).

Le solde d’opinion sur les prix des matières premières indique une poursuite de la baisse dans l’industrie. Concernant les prix des produits finis, il évolue peu ce mois‑ci dans l’industrie, confirmant le retour sur un rythme de progression des prix comparable à la période pré‑Covid. En lien avec le processus de production – achat des intrants à prix élevés, hausse des salaires – les chefs d’entreprise indiquent néanmoins ne pas pouvoir répercuter intégralement la baisse des prix des matières premières sur les prix de vente (chimie, pharmacie, machines et équipements). Dans le bâtiment, les prix ralentissent de nouveau. Dans les services, le ralentissement des prix s’amplifie ce mois‑ci, et le solde d’opinion revient au voisinage de ses niveaux pré‑Covid.

De façon plus détaillée, 10 % des chefs d’entreprise déclarent avoir augmenté leurs prix de vente dans l’industrie ce mois‑ci, soit un niveau proche des anticipations qu’ils avaient formulées au cours du mois dernier (9 %) et des niveaux connus dans la période pré‑Covid ; dans l’agro‑alimentaire, cette proportion atteint 13 % (20 % le mois dernier). Par ailleurs, 5 % des chefs d’entreprise de l’industrie déclarent avoir baissé leurs prix de vente en mai, en lien avec la détente des prix des matières premières. Cette baisse du prix des intrants est sensible dans la plupart des secteurs, notamment la chimie, le bois‑papier‑imprimerie, et, dans une moindre mesure, dans l’habillement‑textile‑chaussures et l’industrie agro‑alimentaire, où plus de 20 % des chefs d’entreprise indiquent une baisse des prix de leurs matières premières en mai.
Dans le bâtiment, 15 % des entreprises ont augmenté leurs prix ce mois‑ci (après 23 % le mois dernier). Dans les services, la proportion tombe à 12 % (après 19 %), son plus bas niveau depuis fin 2021. Les perspectives pour juin suggèrent globalement une nouvelle détente dans l’industrie (9 %), les services marchands (10 %) et le bâtiment (14 %).

Les chefs d’entreprise ont également été interrogés sur leurs difficultés de recrutement. Celles‑ci reculent légèrement en mai et concernent 49 % des entreprises interrogées dans l’ensemble des secteurs.

4. Nos estimations suggèrent une hausse du PIB de 0,1 % au deuxième trimestre
Pour le mois de mai, l’utilisation des informations de l’enquête à un niveau de désagrégation fin, ainsi que d’autres données disponibles, nous amènent à estimer que le PIB connaîtrait une légère hausse par rapport à avril. La valeur ajoutée est en légère hausse dans l’industrie et dans les services marchands, et en légère baisse dans la construction.
Dans le détail, d’après les données de l’enquête, la valeur ajoutée serait en hausse dans l’industrie manufacturière ainsi que dans l’industrie agro‑alimentaire. La valeur ajoutée dans les services couverts par l’enquête progresserait en mai, à la fois dans les services aux ménages et l’hébergement‑restauration. Elle serait stable pour les services aux entreprises. La construction, enfin, se contracterait légèrement en mai.
Les données à haute fréquence, que nous suivons à titre de complément pour les secteurs de services non ou seulement partiellement couverts par l’enquête, pointent vers une hausse modérée de la valeur ajoutée dans le secteur du commerce et une hausse plus prononcée des services de transports. La branche énergie (non couverte par l’enquête), après le rebond d’avril, continue de croître.

Les anticipations des entreprises pour juin indiquent que le PIB progresserait légèrement par rapport à mai, avec de nouveau des contrastes suivant les secteurs. Sur l’ensemble du deuxième trimestre 2023, nous estimons que le PIB serait en hausse de 0,1 % par rapport au trimestre précédent.
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Mise à jour le 25 Juillet 2024