Statistiques

Enquête mensuelle de conjoncture – Début août 2024

Mise en ligne le 9 Août 2024

La Banque de France publie des enquêtes de conjoncture : un diagnostic sur l’économie française, sous la forme d’indicateurs de climat des affaires et de prévisions à court terme. L’enquête mensuelle de conjoncture, chaque début de mois, décrit la situation conjoncturelle du mois précédent et prévoit le PIB trimestriel, grâce aux réponses de 8 500 dirigeants d’entreprise.

Notre enquête auprès d’environ 8 500 entreprises ou établissements a été menée entre le 22 juillet et le 5 août. La période couverte étant celle des congés et des Jeux olympiques et paralympiques de Paris (dont les effets économiques ne sont que partiellement captés par l’enquête), les résultats et perspectives qui s’en dégagent doivent être interprétés ce mois-ci avec une précaution particulière. Selon les chefs d’entreprise interrogés, l’activité a progressé en juillet dans les services marchands et le bâtiment, et a peu évolué dans l’industrie. D’après les anticipations des entreprises pour août, l’activité est attendue en hausse dans les services et l’industrie, et en repli dans le bâtiment. Les carnets de commandes restent jugés dégradés dans presque tous les secteurs de l’industrie, à l’exception notable de l’aéronautique ; dans le gros oeuvre du bâtiment, ils demeurent très en retrait par rapport à la période pré‑Covid en raison de la morosité du marché de la construction de logements neufs. Notre indicateur d’incertitude fondé sur les commentaires des entreprises se détend quelque peu tout en restant élevé, après le bond enregistré dans notre enquête précédente menée fin juin ‑ début juillet, en liaison avec le contexte électoral.

La modération des prix de vente se poursuit dans un contexte de légère hausse des prix des matières premières selon les industriels. Dans l’industrie et le bâtiment, la proportion d’entreprises ayant augmenté leurs prix ce mois‑ci (respectivement 6 % et 3 %) se situe proche de ses niveaux des mois de juillet d’avant‑Covid.

Parallèlement, la proportion de celles indiquant des baisses de prix (respectivement 4 % et 9 %) est supérieure à celle d’avant‑Covid. Dans les services marchands, la proportion d’entreprises indiquant une hausse de leurs prix (8 %) est encore en voie de normalisation.

Les difficultés de recrutement poursuivent leur lent repli : 33 % des entreprises les mentionnent en juillet (après 35 % en juin).

Sur la base des résultats de l’enquête, complétés par d’autres indicateurs, nous prévoyons une progression significative du PIB au troisième trimestre 2024 : elle recouvrirait une croissance sous-jacente d’environ 0,1 % à 0,2 %, à laquelle s’ajouterait l’impact transitoire des Jeux olympiques et paralympiques de Paris (JOP) de l’ordre d’un quart de point. Cette prévision est entourée de larges aléas à la hausse, via les possibles effets d’entraînement des JOP, comme à la baisse compte tenu de l’incertitude due à l’environnement politique

1. En juillet, l’activité progresse dans les services marchands et le bâtiment, et évolue peu dans l’industrie


En juillet, l’activité est étale dans l’industrie, alors que les chefs d’entreprise anticipaient le mois dernier une légère progression pour juillet. La progression de l’agroalimentaire et des autres branches industrielles est contrebalancée par le recul des matériels de transport ; les biens d’équipement évoluent peu. De manière plus détaillée, la progression est soutenue pour l’aéronautique, la pharmacie, la chimie, les produits en caoutchouc ou plastique, et les produits informatiques, électroniques et optiques. À l’opposé, les machines et équipements, la métallurgie, l’habillement‑textile‑chaussure, et surtout l’automobile, sont en repli ce mois‑ci. Dans ce dernier secteur, les chefs d’entreprise mentionnent un essoufflement des ventes de véhicules électriques au profit des véhicules thermiques, suite notamment à la suspension du dispositif de « leasing social » (aide à la location d’une voiture électrique) à la mi‑février, après son succès initial plus fort qu’attendu (50 000 bénéficiaires dès les six premières semaines du dispositif).

Image Taux d’utilisation des capacités de production (en %) Image Thématique Conjoncture Catégorie Enquête mensuelle de conjoncture
Taux d’utilisation des capacités de production (en %)

Le taux d’utilisation des capacités de production (TUC) pour l’ensemble de l’industrie progresse légèrement (75,1 %, après 74,8 % en juin), mais sans revenir à ses niveaux des quatre premiers mois de l’année (autour de 76 %).

Image Opinion sur l’évolution de l’activité (solde d’opinion CVS‑CJO, pour août : prévision) Thématique Conjoncture Catégorie Enquête mensuelle de conjoncture
Lecture : Le solde d’opinion sur l’évolution de l’activité (qui mesure la différence entre les proportions d’entreprises ayant déclaré une hausse de l’activité et celles ayant déclaré une baisse au cours
du mois passé) s’établit pour juillet à 1 point dans l’industrie. Pour août (barre bleu clair), les chefs d’entreprise dans l’industrie anticipent une hausse de l’activité (+ 4 points).

Les stocks de produits finis évoluent peu en juillet. Ils augmentent notamment dans l’automobile et l’habillement‑textile‑chaussure ; les chefs d’entreprise de ce secteur évoquent notamment un ralentissement du marché chinois et un attentisme de la clientèle américaine. Les stocks se réduisent dans la chimie, la pharmacie et l’agroalimentaire. Ils restent à des niveaux jugés élevés, et supérieurs à leur moyenne de long terme dans la plupart des secteurs dont l’aéronautique et l’automobile.

Image Situation des stocks de produits finis dans l’industrie (solde d’opinion CVS‑CJO) Thématique Conjoncture Catégorie Enquête mensuelle de conjoncture
Situation des stocks de produits finis dans l’industrie (solde d’opinion CVS‑CJO)

Dans les services marchands, l’activité continue de progresser en juillet, à un rythme proche de celui anticipé par les chefs d’entreprise le mois dernier. Cette progression concerne l’ensemble des services aux entreprises (en particulier l’édition, les activités juridiques et comptables, les activités d’ingénierie et le nettoyage), alors qu’elle est plus hétérogène dans les services aux particuliers : elle progresse dans la location, l’hébergement – la présence des touristes américains est relevée par les entreprises du secteur – et les activités de loisirs et services à la personne ; elle affiche en revanche un repli dans la réparation automobile et la restauration – la perte de la clientèle estivale habituelle n’ayant pas été compensée par les touristes venus dans le cadre des JOP. Enfin, le travail temporaire est de nouveau en retrait, pour le troisième mois consécutif – notamment dans le secteur automobile.

Image Situation de trésorerie (solde d’opinion CVS‑CJO) Thématique Conjoncture Catégorie Enquête mensuelle de conjoncture
Situation de trésorerie (solde d’opinion CVS‑CJO)

Dans le bâtiment, l’activité progresse en juillet, davantage qu’anticipé le mois dernier, à la faveur d’une météo relativement clémente. Cette progression est toutefois limitée au second œuvre, le gros œuvre étant en repli.

Les soldes d’opinion sur la situation de trésorerie évoluent globalement peu dans l’industrie et continuent d’afficher une grande hétérogénéité entre sous‑secteurs. La trésorerie est jugée satisfaisante dans la pharmacie, l’aéronautique et la chimie. Elle reste considérée comme dégradée dans l’habillement‑textile-chaussure, les produits en caoutchouc ou plastique, les produits informatiques, électroniques et optiques, et la métallurgie.

Dans les services marchands, le solde d’opinion sur la situation de trésorerie se dégrade légèrement. Elle est jugée satisfaisante dans les services d’information et l’édition ; elle est indiquée comme dégradée dans la réparation automobile, le transport, l’hébergement, et surtout la restauration.

2. En août, selon les anticipations des entreprises, l’activité progresserait dans l’industrie et les services marchands, et serait en repli dans le bâtiment


Pour le mois d’août (pour lequel les anticipations doivent être interprétées avec précaution en raison des spécificités de ce mois), selon les chefs d’entreprise de l’industrie, l’activité progresserait globalement, avec une certaine hétérogénéité entre secteurs. Elle serait en hausse particulièrement forte dans la chimie, la pharmacie, le bois, papier, imprimerie, et l’agroalimentaire. L’habillement‑textile‑chaussure et les produits en caoutchouc ou plastique seraient en repli.

Dans les services, l’activité progresserait, notamment dans les services aux entreprises (services d’information, activités juridiques et comptables, conseil de gestion, édition), ainsi que dans l’hébergement et la restauration ; en particulier, les restaurateurs attendent un rattrapage du mauvais mois de
juillet. Le travail temporaire poursuivrait son repli.

Enfin, à l’inverse du mois précédent, l’activité est anticipée fortement en repli dans le bâtiment sous l’effet du second œuvre, alors que le gros œuvre progresserait. Là aussi, ces perspectives relatives au mois
d’août doivent être interprétées avec précaution, du fait de la difficulté à corriger les effets des congés et des mises à l’arrêt de chantiers.

Image Situation des carnets de commandes (solde d’opinion CVS‑CJO) Thématique Conjoncture Catégorie Enquête mensuelle de conjoncture
Situation des carnets de commandes (solde d’opinion CVS‑CJO)

L’opinion sur la situation des carnets de commandes dans l’industrie évolue peu en juillet. Elle s’améliore dans
l’agroalimentaire, la pharmacie et les machines et équipements, mais se dégrade dans l’habillement‑textile‑chaussure et les produits informatiques, électroniques et optiques, en raison pour ce dernier secteur de la concurrence chinoise.

Dans le bâtiment, le jugement sur les carnets de commandes évolue peu ce mois‑ci dans le second œuvre et dans le gros oeuvre, où il reste pour ce dernier à un niveau très dégradé. 

Après avoir bondi le mois dernier en liaison avec le contexte électoral, notre indicateur mensuel d’incertitude, construit à partir d’une analyse textuelle des commentaires des entreprises interrogées, se détend quelque peu. Il reste néanmoins encore au‑dessus de ses niveaux préélectoraux dans l’industrie et surtout dans les services.

Image Indicateur d’incertitude dans les commentaires de l’enquête mensuelle de conjoncture (EMC) (données brutes) Thématique Conjoncture Catégorie Enquête mensuelle de conjoncture
Note : La valeur de référence est fixée à 100 et correspond à la valeur autour de laquelle fluctue l’indicateur en période normale.

3. Les évolutions des prix des services sont encore en voie de normalisation


En juillet, les difficultés d’approvisionnement restent présentes dans certaines branches de l’industrie : si seulement 11 % de l’ensemble des industriels les mentionnent (après 12 % en juin), ce pourcentage reste relativement élevé dans l’automobile (38 %) et l’aéronautique (26 %), du fait de difficultés sur certains composants et des problèmes de transport maritime en mer Rouge. Les difficultés d’approvisionnement dans le bâtiment demeurent rares (3 % comme en juin).

Dans l’industrie, les prix des matières premières sont de nouveau jugés en légère hausse par les chefs d’entreprise, notamment dans le bois, papier, imprimerie, l’agroalimentaire et l’habillement‑textile‑chaussure. Le solde d’opinion sur les prix de produits finis 1 en juillet est très légèrement positif.

Image Évolution des prix de produits finis et des matières premières dans l’industrie (solde d’opinion CVS‑CJO) Thématique Conjoncture Catégorie Enquête mensuelle de conjoncture
Évolution des prix de produits finis et des matières premières dans l’industrie (solde d’opinion CVS‑CJO)

De façon plus détaillée, la proportion des industriels déclarant avoir augmenté leurs prix de vente ce mois‑ci s’établit à 6 %, proche des niveaux observés lors des mois de juillet de la période pré‑Covid et très au‑dessous de celles du même mois de 2022‑2023. À l’inverse, 4 % des industriels déclarent avoir baissé leurs prix de vente en juillet. Les baisses de prix de produits finis concernent principalement l’habillement‑textile‑chaussure (17 %) et l’automobile (9 %).

Dans le bâtiment, la proportion des chefs d’entreprise indiquant une hausse du prix des devis s’établit à 3 % seulement, une proportion inférieure à celles des mois de juillet de la période pré‑Covid. Par ailleurs, 9 % des chefs d’entreprise déclarent avoir baissé leurs prix ce mois‑ci, soit la même proportion qu’en juin.

Dans les services, la dynamique des prix ne s’est pas encore complètement normalisée. La proportion d’entreprises indiquant une hausse de leurs prix s’établit à 8 % – à comparer à 5 % environ pour les mois de juillet pré‑Covid –, tandis que la proportion d’entreprises indiquant une baisse de leurs prix se situe à 4 %. La hausse des prix dans les services concerne principalement les transports, l’hébergement, ainsi que le nettoyage. Cela peut refléter au moins en partie un effet transitoire des JOP sur l’évolution des prix des services.

Les anticipations des chefs d’entreprise pour août indiquent que 4 % d’entre eux prévoient d’augmenter leurs prix dans l’industrie, 4 % dans les services marchands et 2 % dans le bâtiment.

Les chefs d’entreprise ont également été interrogés sur leurs difficultés de recrutement, qui continuent de se replier lentement en juillet : 33 % des entreprises interrogées en font état, après 35 % le mois dernier.

Image Part des entreprises indiquant des difficultés de recrutement (en %, données brutes) Thématique Conjoncture Catégorie Enquête mensuelle de conjoncture
Part des entreprises indiquant des difficultés de recrutement (en %, données brutes)

4. Nos estimations avancées suggèrent une hausse significative du PIB au troisième trimestre, compte tenu de l’effet transitoire des Jeux olympiques


Selon les premiers résultats des comptes trimestriels, publiés par l’Insee fin juillet, la croissance du PIB a été de + 0,3 % au deuxième trimestre 2024, une hausse plus marquée que celle prévue lors de notre dernier point de conjoncture (+ 0,1 %). Le repli de la valeur ajoutée dans les secteurs de l’agriculture, de l’industrie manufacturière et de la construction a été compensé par une hausse dans l’énergie et les services (marchands, mais aussi non marchands) plus importante que ce que nous avions prévu.

Sur la base des informations de l’enquête mensuelle de conjoncture de la Banque de France, complétée par d’autres données disponibles (indices de production dans les services et dans l’industrie, enquêtes de l’Insee, ainsi que données à haute fréquence) et augmentée des effets des JOP non pris en compte par ces indicateurs, nous prévoyons une hausse significative du volume du PIB au troisième trimestre : elle recouvrirait une croissance sous-jacente d’environ 0,1 % à 0,2 %, à laquelle s’ajouterait l’impact transitoire des JOP de l’ordre d’un quart de point. Il convient néanmoins de souligner que notre prévision de croissance pour le troisième trimestre est soumise à de larges aléas à la hausse comme à la baisse, du fait de l’incertitude sur l’impact des JOP, d’une part, et sur l’impact de l’environnement politique sur le comportement des entreprises, d’autre part.

La temporalité de l’enquête mensuelle de conjoncture permet de capter l’incertitude liée à la situation politique en France ainsi qu’une partie de l’effet des JOP, notamment le surcroît d’activité des entreprises franciliennes de l’hébergement‑restauration ou des entreprises participant à l’organisation des Jeux (fournisseurs, événementiel, sécurité, etc.). Toutefois, la majeure partie de l’impact des JOP n’est pas couverte par l’enquête. Il s’agit principalement des recettes de la vente des billets : comme l’a rappelé l’Insee selon les principes de la comptabilité nationale, celles‑ci seront enregistrées (dans la valeur ajoutée des services aux ménages) en totalité au moment des épreuves des JOP, quelle que soit la date de l’achat des billets. Il en va de même pour les recettes de diffusion audiovisuelle, qui majoreront l’activité dans l’information‑communication au troisième trimestre. Une hausse de l’activité est également attendue dans le transport de voyageurs, secteur non couvert par notre enquête. Enfin, les primes versées aux agents publics auront un impact positif sur la valeur ajoutée des services non marchands telle que mesurée dans les comptes nationaux. Nous estimons que l’effet total des JOP contribuerait transitoirement de l’ordre d’un quart de point à la progression du PIB prévue au troisième trimestre. À noter que cette estimation ne porte que sur ce trimestre, et ne prend pas en compte les effets antérieurs sur le PIB liés à la préparation des JOP (notamment en matière de construction), ni les possibles retombées ultérieures.

Les services marchands seraient le principal contributeur à la hausse du PIB ce trimestre, portés par l’effet des JOP. Le secteur de l’énergie serait de nouveau dynamique, alors que la valeur ajoutée dans l’industrie manufacturière serait stable, comme indiqué par les soldes de l’enquête mensuelle de conjoncture. Enfin, la construction connaîtrait un nouveau repli ce trimestre, toujours grevé par le faible dynamisme de la construction neuve.

Image Variations trimestrielles du PIB et de la valeur ajoutée en France (en pourcentage) Thématique Conjoncture Catégorie Enquête mensuelle de conjoncture
Note : vt, variation trimestrielle ; JO, Jeux olympiques.
Sources : Insee pour le deuxième trimestre 2024, prévision Banque de France pour le troisième trimestre 2024.

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Mise à jour le 9 Août 2024