Afrique-France

Coopérations monétaires Afrique-France : rapport 2022

Mise en ligne le 1 Octobre 2023

Le rapport annuel 2022 des coopérations monétaires Afrique-France analyse les dernières évolutions des situations économique et financière, en Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), en Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) et en Union des Comores. Les quatre chapitres dédiés au panorama de la situation en Afrique et à chacune des trois régions présentent, sur la base des données statistiques les plus récentes des banques centrales de ces trois zones monétaires, les principales évolutions de la conjoncture macroéconomique, monétaire et financière, marquées par une accumulation des crises internationales depuis 2020 et la persistance de troubles sécuritaires.

La reprise économique mondiale post‑Covid, estimée à 6,3 % en 2021, 3,5 % en 2022, et projetée à 2,9 % en 2023 par le Fonds monétaire international (FMI), a été accompagnée d’un choc d’offre sur les matières premières (notamment énergétiques), choc amplifié par la guerre en Ukraine. Cette reprise a entraîné une forte poussée de l’inflation mondiale. Le FMI estime que celle‑ci, après un pic à 8,7 % en 2022, devrait atteindre 6,9 % en 2023, un niveau plus élevé que précédemment anticipé. Si cette inflation élevée pèse sur les perspectives économiques mondiales, la croissance anticipée à moyen terme étant inférieure à la moyenne pré‑Covid, les pays les plus fragiles demeurent les plus touchés. Ils font face à une montée de l’insécurité alimentaire, et le temps nécessaire pour réduire de moitié l’écart entre leur PIB par habitant et celui des pays les plus riches s’est sensiblement allongé depuis quinze ans.

Les pays les plus vulnérables font également face, depuis 2022, au très important resserrement des conditions financières mondiales puis au ralentissement du commerce international, malgré l’allègement des contraintes d’offre (baisse du prix du fret et réduction des délais de livraison). Du fait du resserrement des conditions financières dans les pays avancés, particulièrement aux États‑Unis et en Europe, les pays les plus vulnérables, notamment en Afrique, ont vu leurs possibilités de financement sur les marchés mondiaux disparaître. Les économies ayant de meilleurs fondamentaux font face, quant à elles, à des coûts de financement prohibitifs. Dans le même temps les pays les plus vulnérables ont soit connu une crise de change, soit, pour l’éviter, dû durcir drastiquement leurs conditions de financement interne. Quant au ralentissement du commerce mondial, à 0,9 % en 2023 en volume, contre 5,1 % en 2022 (d’après les Perspectives de l’économie mondiale du FMI, octobre 2023), il pèse aussi sur le développement des économies africaines, qui sont en général très ouvertes. Ce ralentissement va de pair avec un recul, en 2022, des flux d’investissements internationaux en direction de l’Afrique de 44 % par rapport à 2021. Les investissements directs étrangers (IDE) en direction de l’Afrique subsaharienne (ASS), hors Afrique du Sud, ont baissé de 28 %. Enfin, l’aide publique au développement en provenance des pays membres du Comité d’aide au développement (CAD) suit une même tendance, même si elle est moins marquée, avec une baisse de 7,4 % en 2022 (d’après l’Organisation de coopération et de développement économiques, OCDE).

Comme de nombreux pays africains, les pays des coopé‑ rations monétaires Afrique‑France (CMAF) font face à des défis majeurs, aux conséquences économiques souvent négatives. Il s’agit d’abord du dérèglement climatique, auquel les plus fragiles demeurent plus vulnérables, notamment en raison de moindres capacités d’adaptation. Il s’agit ensuite de la recrudescence de tensions sécuritaires, avec des coups d’État qui ont touché l’Union économique et monétaire ouest‑africaine (UEMOA) et la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC). Pour ces deux régions, en 2022, l’Armed Conflict Location & Event Data Project (ACLED) a recensé 8125 événements conflictuels faisant au total 13072 victimes. Parmi les conséquences de ces conflits et de ces crises climatiques, la forte hausse du nombre de réfugiés provenant de pays tiers et de déplacements subis à l’intérieur d’un pays en 2022, à respectivement près de 1,5 million et un peu moins de 2 millions, est particulièrement inquiétante.

Ce contexte général peu porteur n’a pas empêché de nombreux pays africains, et plus encore ceux des CMAF, de faire preuve de résilience en 2022. D’une part, la croissance économique de ces derniers (4,8 % en moyenne en 2022) se situe notablement au‑dessus de la croissance mondiale et de celle d’ASS, à 3,5 % et 4,0 % respectivement (d’après le FMI, octobre 2023). D’autre part, leur régime de change fixe, qui leur permet de limiter les risques inflationnistes, s’est révélé particulièrement efficace dans ce contexte mondial d’inflation forte. Ainsi les pays des CMAF ont eu en 2022, en moyenne annuelle, une inflation de 6,7 %, contre 14,5 % pour ceux d’ASS, selon le FMI. Par ailleurs les difficultés de financement, mentionnées plus haut, liées au durcissement des conditions financières, ont pu être atténuées grâce aux marchés régionaux de la dette, en UEMOA comme en CEMAC, et ce même pour des pays en prise à une instabilité politique. Les banques centrales communautaires ont eu un rôle crucial pour assurer la résilience des secteurs financiers nationaux et donc du financement des économies. Enfin, de nombreux projets publics d’investissement se sont poursuivis, notamment en matière d’infrastructures. Comme le souligne la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) dans son rapport 2023 sur le développement économique en Afrique, ces infrastructures sont indispensables à la valorisation des atouts de ces pays, en particulier les ressources minières.

Les engagements renouvelés d’institutions internationales – comme le FMI, la Banque mondiale ou l’Organisation des Nations unies – en faveur de l’Afrique et de la lutte contre le dérèglement climatique sont également des points encourageants pour l’avenir et qu’il convient de saluer. Il faut à ce titre citer la création de la facilité pour la résilience et la durabilité (FRD), dont certains pays des CMAF sont parmi les premiers bénéficiaires, comme le Sénégal. Enfin, l’engagement de l’Union africaine dans la création de la zone de libre‑échange continentale africaine (ZLECAf) reste porteur d’espoir, de même que son admission comme membre permanent du Groupe des vingt (G20) le 9 septembre 2023.

La croissance du PIB réel pour les pays des CMAF s’est établie en 2022 à 4,8 %, après 4,5 % en 2021. Toutefois, cette reprise demeure hétérogène entre les deux régions (5,9 % en UEMOA, contre 3,0 % en CEMAC) et au sein de chacune d’elles. Leur différentiel de croissance s’est cependant sensiblement réduit en 2022. En effet, les pays exportateurs de pétrole (cinq sur six en CEMAC) ont bénéficié de la forte hausse des prix du pétrole exporté (58 % en moyenne).

 

Taux de croissance du PIB (en %)
Sources : BCEAO, BEAC, BCC, FMI et calculs Banque de France pour les agrégations CMAF et des pays exportateurs et importateurs de pétrole, fondées sur les PIB respectifs des pays.
  2019 2020 2021 2022
Monde 2,8 -2,8 6,3 3,5
Afrique subsaharienne 3,2 -1,6 4,7 4,0
- Pays exportateurs de pétrole 1,7 -2,3 3,0 3,2
- Pays importateurs de pétrole 3,9 -1,3 5,7 4,3
Coopérations monétaires Afrique-France (CMAF) 4,4 0,5 4,5 4,8
- CEMAC 2,0 -1,8 1,9 3,0
- UEMOA 5,9 1,7 6,1 5,9
- Union des Comores 2,0 0,2 2,2 2,6

 

L’évolution des déficits courants fait apparaître une situation très contrastée, entre les pays exportateurs de pétrole de la CEMAC qui bénéficient de la hausse des cours du brut et les pays importateurs, surtout en UEMOA, qui la subissent. En UEMOA, le déficit de la balance courante s’est de nouveau dégradé, à 7,8 % du PIB en 2022. Cette dégradation s’explique, comme en 2021, principalement par celle de la balance des biens, en lien avec la poursuite de la remontée des cours du pétrole. Au contraire, en CEMAC, l’excédent courant s’est fortement accru, à 7,7 % du PIB en 2022, contre 1,2 % en 2021. La hausse des prix de l’énergie a profité largement aux pays de la CEMAC, qui sont tous, à l’exception de la Centrafrique, exportateurs nets de pétrole et de gaz. Entre 2021 et 2022, la dispersion des niveaux de solde courant entre pays s’est ainsi accrue, avec un écart‑type croissant de 7,0 % à 9,0 %, pour un minimum de – 15,6 % au Sénégal et un maximum de + 18,2 % au Congo. Enfin, le solde de la balance courante de l’Union des Comores est demeuré négatif, à – 0,5 % du PIB en 2022, presque inchangé par rapport à 2021 (– 0,3 %). Les importants transferts de la diaspora ont, comme les années précédentes, presque compensé les déficits de la balance des biens et services.

 

Solde des transactions courantes, dons inclus (en % du PIB)
Sources : BCEAO, BEAC, BCC, FMI et calculs Banque de France pour l’agrégation CMAF, fondée sur les PIB respectifs des pays
  2019 2020 2021 2022
Afrique subsaharienne -3,2 -2,7 -1,0 -1,9
Coopérations monétaires Afrique-France -2,8 -2,7 -3,3 -1,9
- CEMAC 0,7 0,2 1,2 7,7
- UEMOA -4,9 -4,3 -5,9 -7,8
- Union des Comores -3,4 -1,8 -0,3 -0,5

 

Dans le sillage des fortes tensions inflationnistes mondiales, tous les pays des CMAF ont vu leur inflation remonter au‑delà de la limite commune aux trois régions, de 3% en moyenne annuelle; cependant elle demeure moins élevée que dans la plupart des autres pays du monde. Comme en 2021, la hausse des prix de 2022 a été principalement portée par celle des prix alimentaires et énergétiques. Cet effet a été plus marqué en UEMOA, où l’inflation s’est établie à 7,4 % en moyenne annuelle, qu’en CEMAC, où elle s’est établie à 5,6 %. Cette persistance de l’inflation s’explique largement par des problèmes d’offre sur les marchés internationaux et par les perturbations des circuits d’approvisionnement liées aux tensions sécuritaires dans les deux régions (cf. Point de vue de la Banque des États de l’Afrique centrale – BEAC – ci‑après : « Les déterminants de l’inflation dans la CEMAC »). De plus, certaines mesures gouvernementales, engagées en 2021, de lutte contre la vie chère (subventions ou blocages des prix) ont dû être abandonnées ou réduites en raison de leurs coûts budgétaires trop élevés (pour certains pays, elles atteignaient encore, en 2022, 3 % du PIB).

Les banques centrales de l’UEMOA et de la CEMAC ont continué leur resserrement monétaire afin de faire refluer l’inflation, mais les effets de la politique monétaire demeurent décalés dans le temps. De plus, comme la composante liée à la demande de l’inflation actuelle, bien qu’elle soit non négligeable, est moins forte que la composante liée à l’offre, les actions de politique monétaire sont moins efficaces dans la lutte contre l’inflation. La Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a remonté son principal taux directeur de 75 points de base en 2022 pour le porter à 2,75 %, et la BEAC a remonté le sien de 100 points de base pour le porter à 4,5 % (la Banque centrale européenne avait quant à elle remonté ses taux de 250 points de base). Enfin, en Union des Comores, l’inflation a très fortement crû, passant de 0,1 % en 2021 à 12,4 % en 2022, le gouvernement ayant notamment été contraint, faute de marges de manœuvre budgétaires suffisantes, à des hausses importantes des prix administrés des carburants.

 

Inflation (moyenne annuelle, en %)
Sources : BCEAO, BEAC, BCC, FMI et calculs Banque de France pour l’agrégation CMAF, fondée sur les PIB respectifs des pays.
  2019 2020 2021 2022
Monde 3,5 3,2 4,7 8,7
Afrique subsaharienne 8,1 10,1 11,0 14,5
Coopérations monétaires Afrique-France 0,5 2,2 2,9 6,7
- CEMAC 2,4 2,3 1,6 5,6
- UEMOA -0,7 2,1 3,6 7,4
- Union des Comores 3,7 0,9 0,1 12,4

 

Si le déficit budgétaire moyen des pays des CMAF apparaît en baisse en 2022, il reflète aussi des situations très contrastées entre pays exportateurs d’hydrocarbures et pays importateurs. Comme de nombreux pays d’ASS, ceux des CMAF ont réduit, en moyenne, leur déficit budgétaire, dans un contexte de forte remontée du prix des hydrocarbures. En revanche, en UEMOA, où les pays sont principalement importateurs d’hydrocarbures, les déficits se sont creusés en 2022 à 6,6 % du PIB, contre 5,4 % en 2021. Avec le ralentissement économique dans la plupart des pays membres, le rythme de progression des recettes budgétaires a baissé, alors que celui des dépenses publiques a crû. La forte hausse de ces dépenses s’explique principalement par l’augmentation des salaires dans la fonction publique (+ 11,6 %) et celle des transferts et subventions (+ 22,8 %), en lien avec les mesures prises par les gouvernements pour lutter contre la vie chère. Si, en CEMAC, les dépenses ont suivi une évolution similaire (+ 7,1 % pour les salaires et + 42,4 % pour les trans ferts et subventions), le quasi‑doublement des recettes pétrolières publiques (+ 98,6%), passant de 5,9 % du PIB à 10,1 %, a plus que compensé la hausse des dépenses. Ainsi, en moyenne, le solde budgétaire en CEMAC est redevenu positif, en 2022, à 2,6 % du PIB, après un déficit de 1,5 % en 2021. Au total, entre 2021 et 2022, la dispersion des niveaux de solde budgétaire entre pays s’est accrue, avec un écart‑type croissant de 3,0 % à 6,4 % pour un minimum de – 8,5 % au Burkina Faso et un maximum de + 11,9% en Guinée équatoriale. En Union des Comores, la masse salariale de la fonction publique n’a pas suivi l’évolution observée en UEMOA et en CEMAC, et les dépenses en capital ont été fortement réduites, de 45,3%. En conséquence, le déficit s’est légèrement résorbé en 2022, à 1,7 % du PIB, après 2,3 % en 2021.

 

Solde budgétaire, dons inclus (en % du PIB)
Sources : BCEAO, BEAC, BCC, FMI et calculs Banque de France pour l’agrégation CMAF, fondée sur les PIB respectifs des pays
  2019 2020 2021 2022
Afrique subsaharienne -3,9 -6,5 -5,0 -4,4
Coopérations monétaires Afrique-France -1,6 -4,4 -4,0 -3,1
- CEMAC -0,3 -2,3 -1,5 2,6
- UEMOA -2,3 -5,6 -5,4 -6,6
- Union des Comores -2,5 0,0 -2,3 -1,7

 

Ratio dette publique / PIB (en%)
Sources : BCEAO, BEAC, BCC, FMI et calculs Banque de France pour l’agrégation CMAF, fondée sur les PIB respectifs des pays
  2019 2020 2021 2022
Afrique subsaharienne 49,8 57,1 56,6 57,1
Coopérations monétaires Afrique-France 45,7 52,9 55,9 54,4
- CEMAC 50,3 59,0 58,5 49,5
- UEMOA 43,0 49,7 54,6 57,5
- Union des Comores 25,7 26,5 31,1 31,6

 

En ce qui concerne le ratio de dette publique sur PIB, tous les pays ont bénéficié d’un effet favorable au dénominateur, grâce à la poursuite, en 2022, de la reprise économique. Cependant, comme pour l’évolution des soldes budgétaires, ce sont les pays de la CEMAC qui ont fait baisser la moyenne du ratio de dette publique, en raison de la forte hausse du prix des hydrocarbures, qui a permis d’accroître les encours de remboursements nets. Ainsi, après une quasi‑stabilité en 2021 (58,5 %), leur dette a diminué de 9 points de pourcentage (pp) en 2022, à 49,5%. À l’inverse, l’endettement public total des pays de l’UEMOA a continué à s’accroître en 2022, s’établissant à 57,5 % du PIB (+ 2,9 pp de PIB), malgré la forte hausse de ce dernier.

Globalement résilients aux chocs macroéconomiques, les secteurs bancaires de l’UEMOA comme de la CEMAC ont accru leur exposition au risque souverain. En UEMOA et en CEMAC, l’activité du secteur bancaire a poursuivi son rebond en 2022, dans un contexte de sortie de la crise Covid. La taille des bilans a augmenté, de même que les produits nets bancaires, de respectivement 17,0 % et 14,2 % en UEMOA, et 10,6 % et 14,4 % en CEMAC. Ces fortes progressions résultent cependant, pour partie, d’une amplification des stratégies de portage de titres d’État par les banques. L’exposition grandissante des banques aux émissions souveraines, si elle répond au besoin de financement des États dans un contexte où les marchés internationaux se sont par ailleurs fermés, est susceptible de rendre le secteur bancaire vulnérable à une éventuelle crise souveraine de liquidité. Quant aux encours des crédits nets des banques, ils ont augmenté également de respectivement 19,8 % et 7,6 % en UEMOA et en CEMAC.

Les indicateurs prudentiels des secteurs bancaires des pays des CMAF se sont, dans l’ensemble, de nouveau améliorés en 2022. Cependant, cette moyenne cache de nombreux cas de banques en difficulté, dont la résolution prend du temps. De plus, le respect de la norme de division des risques, tant en CEMAC qu’en UEMOA, demeure encore trop limité, reflet du nombre encore faible de contreparties solvables dans de nombreux pays et du faible développement de crédits consortiaux rassemblant des établissements de plusieurs pays. Cette difficulté est d’autant plus un enjeu que les taux de créances en souffrance, même s’ils reculent dans leur ensemble, demeurent très élevés, notamment en CEMAC.

 

Taux bruts de créances en souffrance (en %)
Sources : BCEAO, BEAC et BCC
  2020 2021 2022
CEMAC 21,2 19,5 18,5
UEMOA 11,6 10,6 8,4
Union des Comores 22,0 16,5 13,9

 

Taux nets de créances en souffrance (en %)
Sources : BCEAO, BEAC et BCC
  2020 2021 2022
CEMAC 9,9 8,1 7,9
UEMOA 4,3 4,1 2,9
Union des Comores 9,0 5,0 6,0

 

Les pays des CMAF ont continué à bénéficier de l’appui financier du FMI. En 2022‑2023, en CEMAC, seule la Guinée équatoriale ne bénéficiait pas d’un programme avec financement du FMI et, en UEMOA, seuls le Mali et le Togo n’ont pas bénéficié de financements de l’institution. De son côté, l’Union des Comores a conclu en juin 2023 un accord avec le FMI au titre de la facilité élargie de crédit (FEC). Après les programmes d’urgence, sans conditions afin de faire face immédiatement à la crise Covid, il s’agit désormais de programmes classiques avec conditionnalités, et ce pour une durée de trois ans, voire quatre, comme au Burkina Faso et aux Comores. Enfin, depuis mi‑2023, le Niger et le Sénégal bénéficient, en plus d’une FEC, de la facilité pour la résilience et la durabilité (FRD) créée par le FMI en 2022. Cette nouvelle facilité vise notamment à appuyer le financement de la transition climatique. Depuis le coup d’État du 26 juillet 2023, le FMI a cependant interrompu ses programmes avec le Niger.

Si le rebond de l’activité en 2021 et 2022 devrait se poursuivre en 2023 pour les pays des CMAF, l’inflation serait plus persistante qu’attendu. Les perspectives économiques pour 2023 demeurent positives. Selon la BCEAO, la croissance du PIB de l’UEMOA devrait atteindre 7,0 % en 2023. En CEMAC, selon la BEAC, elle diminuerait en 2023, à 2,4 %. Enfin elle progresserait légèrement, à 3,6 %, en Union des Comores, selon la Banque centrale des Comores (BCC). Ces niveaux de croissance sont à comparer avec ceux qui sont anticipés par le FMI pour l’économie mondiale, à 3,0 % et à 3,3 % pour l’ASS (FMI, octobre 2023), mais aussi à rapporter à la croissance démographique en 2022 (comprise entre 1,8 % et 3,7 % pour les pays des CMAF et en moyenne de 2,5% 10). La hausse de la croissance en UEMOA refléterait avant tout le dynamisme du secteur extractif, notamment le secteur aurifère, ou le secteur pétrolier (qui devrait se développer au Sénégal). En CEMAC, la baisse de 0,6 pp proviendrait tout autant du secteur pétrolier que du secteur non pétrolier. L’inflation, en recul, resterait à un niveau relativement élevé en 2023, respectivement à 4,4 % et 6,1 % en UEMOA et en CEMAC, en raison de réductions des subventions, d’une politique budgétaire encore plutôt expansive et d’une politique monétaire faiblement restrictive. Cette inflation continuerait cependant d’être sensiblement moins haute que celle qui est anticipée en ASS par le FMI (octobre 2023), à 15,8 % en 2023.

Cependant ces perspectives macroéconomiques mitigées demeurent soumises à des risques de chocs adverses, qu’ils soient sécuritaires ou naturels (le dérèglement climatique ayant accru la fréquence des événements extrêmes). Ces chocs seraient d’autant plus difficiles à absorber que les marges de manœuvre budgétaires sont désormais fortement réduites pour de nombreux pays, et ce singulièrement en UEMOA, alors même que les conditions internationales de financement, mais aussi locales dans une moindre mesure, demeurent difficiles en 2023. Enfin, la hausse de la croissance potentielle reste contrainte par des réformes structurelles souvent trop lentes à être mises en œuvre, une mobilisation des ressources trop faible et des niveaux d’investissement insuffisants pour faire face aux enjeux d’adaptation climatique.

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